Mgr Ébacher XLII - Solidarité de destin entre la création et les humains
Le pape François a souvent repris et longuement développé le thème de la solidarité de destin de toute la création et des humains dans la rédemption par le Christ. Je retiens de larges extraits de son message de 2024 pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création[1]. J’y lis une synthèse de ce que nous avons essayé de contempler dans les documents précédents.
«Le salut chrétien
pénètre dans les profondeurs de la douleur du monde qui ne
saisit pas seulement les humains, mais l’univers entier. L’optimisme chrétien
se fonde sur une vivante espérance : il sait que tout tend vers la gloire de
Dieu, la consommation finale dans sa paix, la résurrection corporelle dans la
justice, “de gloire en gloire”. Mais dans le temps qui passe, nous partageons la
douleur et la souffrance : la création tout entière gémit (cf. Rm 8, 19-22),
les chrétiens gémissent (cf. v. 23-25) et l'Esprit lui-même gémit (cf. v.
26-27). Le gémissement manifeste l’inquiétude et la souffrance, et aussi
l’aspiration et le désir. Le gémissement exprime la confiance en Dieu et
l’abandon en sa compagnie aimante et exigeante, en vue de la réalisation de son
dessein qui est joie, amour et paix dans l’Esprit Saint. » (par. 2)
« Toute la création est impliquée dans ce processus
d’une nouvelle naissance et, en gémissant, elle attend la libération. […] En
tant qu’attente d’une naissance - la révélation des fils de Dieu – l’espérance
rend possible le fait de rester ferme dans l’adversité, de ne pas se décourager
dans les tribulations ou face à la barbarie humaine. L’espérance chrétienne ne
déçoit pas, mais elle ne trompe pas non plus : le gémissement de la création,
des chrétiens et de l’Esprit est anticipation et attente du salut déjà à
l’œuvre, alors que nous sommes à présent plongés dans nombre de souffrances que
saint Paul décrit comme “détresse, angoisse, persécution, faim, dénuement,
danger, glaive” (cf. Rm 8, 35). L’espérance est donc une lecture alternative
non pas illusoire mais réaliste de l’histoire et des événements humains, du
réalisme de la foi qui voit l’invisible. Cette espérance est une attente
patiente, comme chez Abraham qui ne voyait pas. » (par. 3)
« Pourquoi tant de mal dans le monde ? Pourquoi tant
d’injustices, tant de guerres fratricides qui font mourir des enfants,
détruisent les villes, polluent le milieu de vie de l’homme, la terre mère
violentée et dévastée ? Se référant implicitement au péché d’Adam, saint Paul
dit : « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les
douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8, 22). La lutte morale des
chrétiens est liée au “gémissement” de la création, parce celle-ci « a été soumise
au pouvoir du néant » (v. 20). Le cosmos tout entier et toutes les créatures
gémissent et aspirent “impatiemment”, afin que la condition présente soit
surmontée et que la condition originelle soit rétablie. La libération de
l’homme implique aussi, en effet, celle de toutes les autres créatures qui,
solidaires de la condition humaine, ont été placées sous le joug de
l’esclavage. Comme l’humanité, la création - sans qu’il y ait de sa faute - est
esclave et se trouve incapable de faire ce pour quoi elle est conçue,
c’est-à-dire avoir un sens et un but durables. Elle est sujette à la
dissolution et à la mort, aggravées par les abus de l’homme sur la nature.
Mais, en sens contraire, le salut de l’homme dans le Christ est une espérance
sûre pour la création « d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la
dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu
» (Rm 8, 21). Ainsi, dans la rédemption du Christ, il est possible de
contempler, dans l’espérance, le lien de solidarité entre l’être humain et
toutes les autres créatures. » (par. 4)
L’histoire humaine et celle des autres créatures sont
inséparables. L’humanité et la création partagent un destin commun : la
création attend sa libération en même temps que celle de l’homme. Tout est lié!
Un même puissant souffle d’espérance traverse toute l’histoire et l’axe sur sa
finalité : « Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils,
lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et
ainsi, Dieu sera tout en tous. » (Corinthiens 15, 28)
Après toutes ces méditations, je me sens partie prenante de cette étape lumineuse
qu’est le Jubilé 2025 de l’espérance dans le grand pèlerinage de toute la
création, humanité comprise, vers le Père. « Abba! » Ensemble, soyons
de solides, fidèles, constants pèlerins d’espérance!
Prions avec l’Église :
Pour ceux qui t’aiment, Seigneur Dieu,
tu as préparé des biens que
l’œil ne peut voir :
répands en nos cœurs la ferveur
de ta charité,
afin que t’aimant en toute chose
et par-dessus tout,
nous obtenions de toi l’héritage
promis
qui surpasse tout désir.
Par Jésus Christ, ton Fils,
notre Seigneur,
Qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit.
Dieu, pour les siècles des siècles.
Oraison 20e dimanche du
temps ordinaire
† Roger Ébacher
[1] Message du Saint-Père à l'occasion de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création [1er septembre 2024] (27 juin 2024)

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