Mgr Ébacher XLI - L’Esprit gémit…
Saint Paul écrivait : « J’estime, en effet, qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous. » (Rom 8, 18) Pour montrer qu’une très ferme, très forte espérance nous soutient au cœur de ces souffrances quotidiennes qui nous harcèlent, Paul scrute trois gémissements mystérieux, mais qui nous permettent de tenir bon avec patience et persévérance. Car ils nous orientent sur cette étoile polaire qu’est pour nous la résurrection de notre corps et la vie éternelle dans la gloire et la joie.
En effet, la certitude de la gloire future de tout notre
être, objet essentiel de notre espérance, nous est démontrée par trois
gémissements qui manifestent trois travaux d’un accouchement douloureux. Ces
gémissements retentissent pour le chrétien soit hors de lui-même, dans la
création (voir documents XXXVIII et XXXIX), soit en lui-même, car le chrétien
gémit lui aussi mystérieusement (voir document XL). Notre résurrection
glorieuse, déjà réalisée en Jésus et qui nous est promise, soutient notre
espérance dans une attente très douloureuse, pénible, mais caractérisée par l’espérance,
la persévérance, la patience.
De plus, voici que, troisième témoignage de la vie nouvelle
et de la merveilleuse destinée des chrétiens, l’Esprit Saint gémit aussi en
nous. C’est ce que nous allons examiner maintenant en priant l’Esprit de nous y
éclairer, car cette œuvre de gémissements et d’accouchement pour soutenir notre
espérance est bien étonnante et difficile à saisir!
Suivons l’enseignement de saint Paul (Rm 8, 26-27). Il
affirme : « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre
faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même
intercède pour nous par des gémissements inexprimables. » (v. 26)
Quelle est cette faiblesse? Très souvent, nous ignorons ce
qui nous est le plus utile, donc ce que nous devons demander à Dieu avant tout
le reste. L’Esprit connaît tous nos besoins et daigne alors se faire notre
interprète éloquent et puissant auprès du Père. Il donne une forme à nos
aspirations les plus secrètes et à nos prières inarticulées.
Nos aspirations et espérances humaines risquent d’être
inefficaces à cause de notre faiblesse naturelle, mais l’Esprit ajoute
inlassablement, encore et encore, sans jamais cesser, son intercession,
transcendant ainsi cette faiblesse. Nous sommes incapables de prier d’une façon
efficace « Abba », « Père ». L’Esprit doit dynamiquement nous
y assister.
L’Esprit gémit alors, comme la sage-femme qui accompagne la
femme qui accouche. Ces gémissements sont les plus intimes et les plus puissants
de tous, car ils sont poussés en nous par l’Esprit Saint lui-même. Il s’agit du
langage divin qu’on ne peut parler ici-bas. Personne ne peut en exprimer le
sens par des paroles humaines. Dieu les comprend et les exauce. Ces
gémissements ne sont pas des mots, mais résonnent directement dans le cœur de
Dieu qui « sonde les cœurs ».
L’Esprit vient au secours de notre faiblesse en unissant son
intercession à la nôtre qu’il transforme et surélève. Il ne la supprime pas. Intercédant
« en des gémissements ineffables », il vient à notre secours, mais il
ne détruit pas notre prière, il l’assume, la purifie, la traduit en
« langage céleste », c’est-à-dire la rend conforme à la volonté du
Père. Cette prière divine en nous et en notre faveur reste un mystère pour nous,
les croyants. Mais elle exige de notre part fidélité à la grâce et générosité. Grâce
à cette communion avec l’Esprit notre salut devient une espérance ferme, certaine.
Paul ajoute : « Et Dieu, qui scrute les cœurs,
connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit
intercède pour les fidèles. » (v. 27) Seul Dieu comprend le langage et les
désirs de l’Esprit et reconnait cette prière divine. C’est une partie de son
plan divin de salut que l’Esprit joue un rôle aussi dynamique dans nos aspirations
et prières en vue de la pleine réalisation de notre salut, de la rédemption de
notre corps dans la joie et la gloire éternelles.
Livrons-nous donc à ces aspirations divines! Prions souvent
en union avec l’Esprit qui crie en des gémissements ineffables :
« Abba », en notre nom et en notre faveur! Ne désespérons jamais de
notre salut! Tenons ferme notre espérance!
Supplions intensément l‘Esprit Saint de faire vibrer dans
nos entrailles spirituelles les mêmes sentiments, les mêmes émotions intimes,
les mêmes brûlants désirs qui ont habité saint Paul devant ce mystère : « Que
le Dieu de l'espérance vous comble de joie et de paix dans la foi, afin que
vous débordiez d'espérance par la puissance de l'Esprit Saint. » (Rm 15,
13)
Prions avec l’Église rassemblée :
Viens, Esprit Saint,
Et envoie du haut du ciel
Un rayon de ta lumière.
Viens en nous, viens, père des pauvres,
Viens, dispensateur des dons,
Viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
Hôte très doux de nos âmes,
Adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
Dans la fièvre, la fraîcheur ;
Dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse,
Viens remplir jusqu'à l'intime
Le cœur de tous les fidèles.
Sans ta puissance divine,
Il n'est rien en aucun homme,
Rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
Baigne ce qui est aride,
Guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
Réchauffe ce qui est froid,
Rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi
Et qui en toi se confient,
Donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
Donne le salut final,
Donne la joie éternelle.
Hymne liturgique
† Roger Ébacher

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