Mgr Ébacher XL - Nous gémissons, espérant…



Examinons un texte de saint Paul : Romains 8, 23-25. Il affirme d’abord : « Et elle n’est pas seule. » Il s’agit de toute la création qui gémit dans les douleurs d’un dur et long enfantement, qui persistera jusqu’à la fin du monde (voir les 2 documents précédents).

« Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ». Nous, les chrétiens et les chrétiennes, gémissons intérieurement, intimement, nous haletons, nous soupirons. C’est là un douloureux travail d’accouchement qui durera jusqu’à l’atteinte de notre destinée éternelle, quand notre corps sera ressuscité. « Nous n'attendons pas d'être délivrés de notre corps, c'est notre corps, c'est-à-dire notre être tout entier, actuellement encore enchaîné, c'est à dire encore lié au péché, qui sera enfin libéré, libre de vivre en fils de Dieu. » (Thabut)

« Nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. » (v.23) Notre espérance est basée sur la présence en nous du Saint Esprit, promesse, garantie de ce qui est à venir : l’état de gloire éternelle. Il s’agit de prémisses, de première mais incomplète possession de notre salut. L’Esprit est la source de notre espérance et il nous donne la force de vivre notre vie chrétienne dans la patience et la persévérance. Animés par l'Esprit, nous gémissons dans l'attente de notre transformation définitive : la rédemption de notre corps et notre adoption filiale. Pensons aussi à la vision de Jésus face-à-face et à notre union intime avec Lui. C’est là une attente très pénible! Mais il faut tenir bon!

Saint Paul sent le besoin de commenter ce qu’est cette espérance pour en faire voir la dimension de persévérance. « Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (24-25)

Bien sûr! Qui espère ce qu’il voit déjà! L’espérance qui est réalisée, dont on a l’objet sous les yeux, entre nos mains, n‘est plus une espérance. La possession et l’espérance s’excluent mutuellement. Ainsi donc, dire qu’on espère, c’est dire qu’on ne possède pas l’objet souhaité. Notre salut, don de Dieu déjà acquis par la mort et la résurrection de Jésus, reste encore imparfait. Il n’existe pour nous qu’en espérance. Il ne deviendra une réalité concrète que plus tard.

Mais l’espérance nous rend capables de supporter les souffrances du temps présent. Animant tous ces désirs non encore assouvis, l’espérance nous permet d’attendre patiemment les biens que Dieu nous a promis, en particulier la jouissance intégrale de nos droits de fils adoptif et la résurrection de notre corps.

Gardons dans la mémoire de notre cœur ces paroles de saint Paul. Méditées, ruminées, elles deviennent lumineuses dans notre vie. Souvenons-nous de cette autre affirmation de l’Apôtre : « J’estime, en effet, qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous. » (Rm 8, 18) Que la gloire promise nous fasse tenir ferme dans notre marche quotidienne. Et j’aime me rappeler cette autre parole de l’Apôtre : « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. » (2Tim, 2, 8-11)

 

Si l’espérance t’a fait marcher

Plus loin que ta peur

Tu auras les yeux levés

Alors tu pourras tenir

Jusqu’au soleil de Dieu.

      Michel Scouarnec

† Roger Ébacher

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