COMME LE VENT DANS LES VOILES || FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR

La fête de la Sainte Rencontre. 
La fête de la lumière.
La Présentation de Jésus au Temple et la Purification de Marie.
La fête des crêpes rondes et dorées comme le soleil que l’on mange entre amis.

Sans oublier le jour de la marmotte qui fait rêver du printemps.

Voilà tant de titres pour cette fête, autant de raisons de fêter. 

J’aime quand les fêtes chrétiennes se marient avec le fil de la vie et le cycle de la nature. 
40 jours après la naissance de Jésus, 
40 jours après le solstice d’hiver, au cœur de la froidure, presque à mi-chemin vers l’équinoxe du printemps.
N’oublions pas aussi, nos 40 jours et plus de confinement. 
N’avons-nous pas le goût de fêter, ensemble ! Et quand la liturgie nous y invite, le rendez-vous est encore plus signifiant.

Et quel plaisir de renouer avec ces vieilles traditions! La Chandeleur, dans ma communauté chrétienne St-Matthieu, est une de ces traditions que nous avons retrouvée dans les années 90 et qui a depuis rassemblé de plus en plus de gens.  Même en temps de confinement, c’est sur Zoom que nous la fêterons encore cette année.  

Siméon et Anne, les deux héros de cette Sainte Rencontre, sont des gens comme vous et moi. Ils nous ressemblent tellement, ces deux “vieux”. Nous les fréquentons depuis près de 30 ans. De Chandeleur en Chandeleur, nous avons vieilli avec eux, et plusieurs d’entre nous ont touché la septantaine et l’octantaine. Anne et Siméon font partie de notre famille chrétienne.

Même s’ils n’ont pas d’enfant, ils sont pour moi l’image des grands-parents dont la plus belle mission est d’accueillir et de reconnaître la promesse de Dieu, la venue de Dieu à travers toute nouvelle naissance. Mission divinement signifiante, surtout en ces temps où plusieurs de nos petits enfants ne sons pas baptisés. 

Et le même récit, mine de rien, revisité au fil des années, continue de façonner notre regard de croyant. Fêter, c’est rassembleur: ça marque le temps qui passe; ça aide parfois à réinterpréter les rencontres signifiantes de nos vies.
Et rappelons-nous que les repas sont sacrés dans la Bible, tout comme les liens qui nous unissent autour d’une même table.  

Au menu de la Chandeleur, 
Des petites bougies,
Des crêpes, rondes et bien dorées, comme le soleil du “printemps”, ainsi le veut la tradition. 
Pourquoi des crêpes? 
Parce que dans les pays moins froids, d’où vient la tradition, le 2 février annonçait la saison des semences et plein de confiance en la nouvelle saison, on utilisait farine ancienne pour cuisiner des crêpes.

Aujourd’hui, dans notre prière, si nous rendions grâce à Dieu pour tous les petits-enfants qui nous sont donnés et qui, en ces temps difficiles de confinement, ont tant besoin de notre regard et de notre reconnaissance.  Pourquoi ne pas envoyer un message d’amour à ces enfants de nos vies.  Cette année, nous la fêterons joyeusement chacun chez soi, mais tous ensemble sur ZOOM.  Anne et Siméon seraient tellement étonnés! 

Françoise Lagacé, Conseil Pastoral de St Matthieu

Pour rejoindre la paroisse Saint Matthieu ce dimanche: https://us02web.zoom.us/j/84477313223

Fratelli Tutti - Chapitre I

Mme Nicole Fortier-Courcy est une associée des Franciscaines missionnaires de Marie à Gatineau. Elle a préparé une série de courtes réflexions qui permettent de survoler "Fratelli Tutti", l'encyclique du pape François sur la fraternité et l'amitié sociale. Aujourd'hui, elle nous présente le premier chapitre.


Les ombres d’un monde fermé

Quelle joie pour les associés et associées aux Franciscaines missionnaires de Marie que cette encyclique du pape François ! Je sais que je me répète, je ne peux y résister.

Mais avant de nous présenter son rêve que nous soyons tous frères en humanité, notre pape François ne peut que constater les manifestations du manque de fraternité dans le monde, ce qu’il appelle « les ombres d’un monde fermé ». C’est avec courage qu’il y consacre le 1er chapitre (nos 9 à 56) de cette lettre, celui que je veux aborder avec vous dans cette réflexion.

Quelles sont ces ombres ? Le pape nous expose « certaines tendances du monde actuel qui entravent la promotion de la fraternité universelle. » Elles sont, dit-il, « sans un projet pour tous » (no 15), « sans dignité humaine aux frontières » (nos 37 à 42).

Alors que Saint-François d’Assise favorisait le « Sans Frontières » pour « étreindre tous les hommes » (no 3), aujourd’hui le « s’ouvrir au monde » est accaparé par l’économie et la finance. Cette tendance à la mondialisation favorise l’identité des plus forts au détriment des plus faibles et des plus pauvres (no 12) ; tout le contraire de ce que voulait le saint.

On fait face à une marginalisation mondiale (nos 18-22). « Ce ne sont plus seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes » (no 19) dit le pape, citant entre autres les enfants de plus en plus affectés par la pauvreté (no 29) ; les personnes âgées abandonnées à leur solitude (no 19) ; des gens réduits au chômage, résultante de cette obsession de réduire les coûts du travail (no 20) ; les migrants, victimes de « trafiquants sans scrupules » (no 38), de groupes mafieux, de cartels de la drogue et des armes, exposés au racisme, à l’esclavage, même de nos jours. La traite des personnes est réapparue ; des êtres humains sont séquestrés en vue du trafic d’organes ; des femmes souffrent de situation d’exclusion, de maltraitance, de violence (no 23). « De nombreuses formes d’injustice persistent… dans le monde, alimentées par un modèle économique fondé sur le profit » (no 22), sans oublier l’injustice et l’absence d’une distribution équitable des ressources naturelles (no 29).

Le pape parle aussi de l’illusion de la communication (nos 42 à 50). Il remet en question les médias numériques avec leurs « risques de dépendance, d’isolement, de perte progressive de contact avec la réalité concrète » (no 43). Il dénonce les fausses informations, les fausses nouvelles, les réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums (no 45). Il met en garde les chrétiens qui ne sont pas exempts de tout cela (nos 39 ; 46).

On pourrait être découragé après la lecture de ce premier chapitre, mais « Que l’ombre ne vous déconcerte ! » dit un hymne du carême. Le pape François ne nous laisse pas dans la désolation : il nous promet d’évoquer aux chapitres suivants nombre de chemins d’espoir. Le Pape se met à l’œuvre lui-même, malgré tous les risques possibles : il visite l’Irak du 5 au 8 mars 2021 avec comme devise de voyage « Vous êtes tous frères. » Il nous invite à marcher dans l’espérance.

Quelle est mon espérance ?

Que signifie pour moi « s’ouvrir au monde » ?

En observant avec attention mon milieu de vie, je demande à l’Esprit saint de m’éclairer. Est-ce que je reconnais ces vicissitudes que dénonce le Saint-Père ? J’en identifie une ou deux. Que ferait Jésus à ma place ? J’en discute avec les gens autour de moi. Seule ou avec eux, je choisis et j’entreprends une ou des actions concrètes pour les contrer.

L’expression « Église en sortie » prend-elle du sens pour moi ?


COMME LE VENT DANS LES VOILES || 23 JANVIER 2021: IIIE DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE ANNEE C

DIMANCHE DE LA PAROLE: Tes Paroles Seigneur sont Esprit, elles sont Vie

Luc 1, 1-4. 4, 14-21. Néhémie 8, 2-4a.5-6.8-10. Psaume 18 (19) 8. 9. 10. 15

Nous commençons aujourd’hui la lecture semi-continue de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc.

Qui est Luc? Un païen converti au christianisme et devenu compagnon de Paul. Vers 66-67 apr. J.-C., il écrit un ouvrage en deux tomes, le second étant Les Actes des Apôtres.

Luc affirme s’être informé des débuts du christianisme : la vie de Jésus et le cheminement de la Parole chez les Juifs et les Païens. Il en rédige un exposé suivi dans le but de nous faire connaître la solidité de l’enseignement reçu afin que nous y adhérions fermement dans la foi.

Nous avons médité, en Avent et au temps de Noël, les débuts de ce récit : la naissance et la jeunesse de Jésus, la prédication de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus et son combat victorieux contre le diable.

Habité par la puissance de l’Esprit, Jésus entreprend son ministère. Il vient à Nazareth. Selon son habitude, il va à la synagogue le jour du sabbat et se lève pour faire la lecture. On lui remet le livre du prophète Isaïe.

Notons la place centrale occupée par le livre dans ce rassemblement. Afin de bien en saisir la nécessité pour la vitalité de la communauté, revenons au texte de Néhémie. Y sont décrits une grandiose célébration de la Parole et les effets de cette proclamation dans une communauté découragée.

Nous sommes à Jérusalem vers 450 av. J.-C. Les gens revenus d’un long exil, le cœur plein d’espoir, sont vite déçus, démotivés. La communauté n’a pas d’espérance, d’âme, de souffle. Il faut réagir!

Le premier jour du Nouvel An, Esdras le prêtre et Néhémie le gouverneur convoquent toute la population sur la grande place de Jérusalem. Esdras y apporte solennellement « le livre de la Loi de Moïse, que le Seigneur avait donnée à Israël. » On en fait la lecture du lever du jour jusqu’à midi. Les gens pleurent, chantent, acclament « Amen » en levant les mains. Puis c’est le banquet! La Parole de Dieu a redonné souffle à la communauté. Il y a de l’avenir! C’est aussi dans une célébration de la Parole que Jésus révèle aux siens son identité. Il proclame le texte d’Isaïe prophétisant le Messie : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres… » Et il affirme : « Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »

Apprécions-nous suffisamment la richesse de la Parole de Dieu servie lors de nos célébrations? Y reconnaissons-nous une partie essentielle de la messe, composée aussi bien de la Table de la Parole que de la Table du Pain? Respectons-nous suffisamment le Lectionnaire qui renferme ces Paroles de vie?

Terminons cette méditation en reprenant de tout cœur l’acclamation du psaume : « Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie. »

Mgr. Roger Ebacher, archevêque émérite de Gatineau

COMME LE VENT DANS LES VOILES || 16 JANVIER 2022: DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE , ANNEE C

 Une réflexion de Monseigneur Paul-André Durocher


Jn 2, 1-11 (Les noces de Cana)

Le temps liturgique de Noël s’est terminé dimanche dernier avec la fête du Baptême du Seigneur. Nous voilà donc dans le temps ordinaire — ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas extraordinaire, mais plutôt qu’il est « ordonné, » numéroté afin de nous permettre d’organiser les lectures du dimanche au fil de l’année.

Pourtant, en cette année liturgique C, on retrouve comme un écho de Noël dans l’évangile de ce jour qui raconte comment Jésus a changé l’eau en vin aux noces de Cana. En effet, lorsqu’on a commencé à célébrer l’incarnation du Fils dans les premiers siècles de l’Église, on a voulu d’abord souligner sa manifestation. On a retenu trois événements cruciaux pour ce faire : l’adoration des mages (où les nations reconnaissent sa venue), son baptême (où la voix de Dieu le nomme « Fils bien-aimé ») et les noces de Cana (où les disciples crurent en lui pour la première fois).

Chacun, chacune de nous peut reconnaître des moments dans nos vies qui nous ont marqués, qui ont touché quelque chose de profond en nous et dans les gens qui nous entourent. L’obtention d’un grade ou d’une certification, une rencontre transformatrice, un choix de carrière ou, pourquoi pas, un jour de mariage. Ce n’est pas insignifiant que Jésus ait choisi un tel jour pour se manifester. Déjà, les prophètes avaient vu dans le mariage un profond symbole de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Et ils avaient imaginé l’intervention ultime de Dieu comme un grand repas de noces où le vin coulerait à flots. Les disciples, voyant les 600 litres de vin que Jésus venait d’apporter à table, ont vite fait le lien. Cette extravagance ne pouvait jaillir que de la générosité divine. Oui, l’ère messianique s’ouvrait, Jésus était vraiment le Christ tant attendu.

L’adoration des mages, le baptême de Jésus, les noces de Cana : ces événements extraordinaires ont eu lieu dans des temps bien ordinaires. Nous aussi pouvons découvrir dans les temps ordinaires de nos vies les profondeurs extraordinaires de nos jours. J’ose ajouter : même dans des temps pénibles comme celui que nous vivons présentement. Comme Marie, nous pouvons d’abord remarquer ce qui manque : « Ils n’ont plus de vin ! ». Mais, avec elle, transformons cette expérience du manque en une décision de suivre Jésus de plus près : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Marie nous donne l’exemple : en nous tournant vers son Fils en ces jours difficiles et en recherchant sa volonté, nous découvrirons des sources de joie sûres et abondantes.

Que ce petit écho de Noël dans le temps ordinaire nous donne le goût d’y croire !

Fratelli Tutti' - Une introduction

Mme Nicole Fortier-Courcy est une associées des Franciscaines missionnaires de Marie à Gatineau. Elle a préparé une série de courtes réflexions qui permettent de survoler "Fratelli Tutti", l'encyclique du pape François sur la fraternité et l'amité sociale. Aujourd'hui, elle nous présente son introduction.


Fratelli Tutti - Tous frères et soeurs

Une introduction

 

Quel cadeau!  Quelle joie pour les associé(e)s aux Franciscaines missionnaires de Marie que cette encyclique du Pape François inspirée par François d’Assise et consacrée à la fraternité et à l’amitié sociale! Quel approfondissement de la vie de ce saint! Quelle interpellation pour nous!

« Dieu  a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux, » y lit-on au numéro 5.

Bien sûr j’y crois mais comment cela se traduit-il dans ma vie?

Dans leur résumé de cette lettre du pape, les Chemins franciscains de décembre 2020 nous indiquent que la méthodologie de cette dernière en est une « qui se traduit en action où la tradition chrétienne contribue à une réflexion pour un monde en dialogue. »

François d’Assise, à son époque, est allé dialoguer avec le sultan Malik-el-Kamil. À son exemple, en notre temps, le Pape François s’est laissé rejoindre par le Patriarche orthodoxe Bartholomée pour Laudato Si’ ; il a aussi dialogué avec le grand Iman Ahmad Al-Tayyeb pour Fratelli Tutti.

Mais « pour dialoguer, il faut de l’ouverture, » nous dit l’auteure Kim Thuy dans une publicité sur les ondes de Radio-Canada.

Personnellement, quelle place je fais au dialogue dans ma vie?

Quelle ouverture ai-je aux idées autres que les miennes?

Voilà ce que suscite en moi la lecture de l’introduction de cette encyclique qui comporte huit chapitres. Chacun d’eux ne pourrait-il pas faire l’objet de notre méditation au fil des prochaines semaines? Qu’en pensez-vous? 

                                                                              

Nicole Fortier-Courcy, afmm (groupe de Gatineau)