Fratelli Tutti - Chapitre I

Mme Nicole Fortier-Courcy est une associée des Franciscaines missionnaires de Marie à Gatineau. Elle a préparé une série de courtes réflexions qui permettent de survoler "Fratelli Tutti", l'encyclique du pape François sur la fraternité et l'amitié sociale. Aujourd'hui, elle nous présente le premier chapitre.


Les ombres d’un monde fermé

Quelle joie pour les associés et associées aux Franciscaines missionnaires de Marie que cette encyclique du pape François ! Je sais que je me répète, je ne peux y résister.

Mais avant de nous présenter son rêve que nous soyons tous frères en humanité, notre pape François ne peut que constater les manifestations du manque de fraternité dans le monde, ce qu’il appelle « les ombres d’un monde fermé ». C’est avec courage qu’il y consacre le 1er chapitre (nos 9 à 56) de cette lettre, celui que je veux aborder avec vous dans cette réflexion.

Quelles sont ces ombres ? Le pape nous expose « certaines tendances du monde actuel qui entravent la promotion de la fraternité universelle. » Elles sont, dit-il, « sans un projet pour tous » (no 15), « sans dignité humaine aux frontières » (nos 37 à 42).

Alors que Saint-François d’Assise favorisait le « Sans Frontières » pour « étreindre tous les hommes » (no 3), aujourd’hui le « s’ouvrir au monde » est accaparé par l’économie et la finance. Cette tendance à la mondialisation favorise l’identité des plus forts au détriment des plus faibles et des plus pauvres (no 12) ; tout le contraire de ce que voulait le saint.

On fait face à une marginalisation mondiale (nos 18-22). « Ce ne sont plus seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes » (no 19) dit le pape, citant entre autres les enfants de plus en plus affectés par la pauvreté (no 29) ; les personnes âgées abandonnées à leur solitude (no 19) ; des gens réduits au chômage, résultante de cette obsession de réduire les coûts du travail (no 20) ; les migrants, victimes de « trafiquants sans scrupules » (no 38), de groupes mafieux, de cartels de la drogue et des armes, exposés au racisme, à l’esclavage, même de nos jours. La traite des personnes est réapparue ; des êtres humains sont séquestrés en vue du trafic d’organes ; des femmes souffrent de situation d’exclusion, de maltraitance, de violence (no 23). « De nombreuses formes d’injustice persistent… dans le monde, alimentées par un modèle économique fondé sur le profit » (no 22), sans oublier l’injustice et l’absence d’une distribution équitable des ressources naturelles (no 29).

Le pape parle aussi de l’illusion de la communication (nos 42 à 50). Il remet en question les médias numériques avec leurs « risques de dépendance, d’isolement, de perte progressive de contact avec la réalité concrète » (no 43). Il dénonce les fausses informations, les fausses nouvelles, les réseaux de violence verbale sur Internet et à travers les différents forums (no 45). Il met en garde les chrétiens qui ne sont pas exempts de tout cela (nos 39 ; 46).

On pourrait être découragé après la lecture de ce premier chapitre, mais « Que l’ombre ne vous déconcerte ! » dit un hymne du carême. Le pape François ne nous laisse pas dans la désolation : il nous promet d’évoquer aux chapitres suivants nombre de chemins d’espoir. Le Pape se met à l’œuvre lui-même, malgré tous les risques possibles : il visite l’Irak du 5 au 8 mars 2021 avec comme devise de voyage « Vous êtes tous frères. » Il nous invite à marcher dans l’espérance.

Quelle est mon espérance ?

Que signifie pour moi « s’ouvrir au monde » ?

En observant avec attention mon milieu de vie, je demande à l’Esprit saint de m’éclairer. Est-ce que je reconnais ces vicissitudes que dénonce le Saint-Père ? J’en identifie une ou deux. Que ferait Jésus à ma place ? J’en discute avec les gens autour de moi. Seule ou avec eux, je choisis et j’entreprends une ou des actions concrètes pour les contrer.

L’expression « Église en sortie » prend-elle du sens pour moi ?

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