Mgr Ébacher II - Pèlerins et pèlerines d’espérance
Le 9 mai 2024, le pape François signait la bulle d’indiction du jubilé ordinaire de l’année 2025 sous le titre : « L’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Il invitait ainsi toute l’Église à croître en espérance, tout particulièrement durant cette année jubilaire.
Dès les premières lignes, le pape situe l’espérance au cœur de ses réflexions. « Qu’elle soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, “porte” du salut (cf. Jn 10, 7.9). Il est “notre espérance” (cf. 1 Tm 1, 1), Lui que l’Église a pour mission d’annoncer toujours, partout et à tous. » Et François ajoute : « Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. » (Par. 1)
Le pape développe, brièvement, mais substantiellement, la notion d’espérance dans les paragraphes 2-3-4, en se basant sur saint Paul. « L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5; voir aussi Rm 8, 35-39). Et il ajoute que « la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. » (Par. 5) L’année sainte 2025 est un de ces moments forts. Il faut s’y engager fermement, avec grande confiance et joie.
Cette espérance est sans cesse renouvelée par l’Esprit Saint. « C’est en effet l’Esprit Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : Il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (voir Rm 8, 35.37-39).
À l’espérance se joint la patience, œuvre aussi de l’Esprit-Saint. Que notre vie en soit imbibée! Soyons de solides marcheurs, de persévérantes marcheuses dans ce chemin de l’espérance! Soyons de bons pèlerins, de fidèles pèlerinesde l’espérance, tel que le pape nous y convie (voir par. 5).
L’année jubilaire est un temps privilégié pour vivre les réconciliations essentielles à toute vie chrétienne : réconciliation des humains avec Dieu, réconciliation des humains entre eux et réconciliation des humains avec la terre, avec la nature. Se pose alors la question, au cœur de chacune, de chacun : quand, comment accueillerai-je ce don divin qu’est cette libération apportant la paix dans les cœurs, les familles, les pays? Toute réconciliation est une source d’espérance pour notre monde en mal de joie.
Puis le pape énumère plusieurs signes des temps qui demandent à être convertis en signes d’espérance : la tragédie de la guerre; la perte du désir de transmettre la vie; ailleurs, la peur de l’augmentation de la population; les détenus; les malades; les jeunes; les migrants, déplacés, réfugiés; les personnes âgées; les pauvres; les affamés; les dettes de tant de pays incapables de les honorer; les biens de la terre destinés à tous (par. 7ss). Lesquels de ces signes de temps m’interpellent particulièrement pour que j’y œuvre à en faire des signes d’espérance? Et comment le ferai-je?
À compter du paragraphe 18, dans lequel il indique le lien entre la foi, l’espérance et la charité, le pape développe le fondement de notre espérance : notre foi en la vie éternelle. Cette vie éternelle est déjà commencée au baptême. Une vie chrétienne consiste à nourrir cette vie à travers nos jours, nos saisons, nos années… Mais reste la question : « Qu’adviendra-t-il donc de nous après la mort? » (par. 21) Question à méditer, approfondir, car on touche là le but ultime de toute notre vie…
Le pape nous lance donc une intense invitation à nous abreuver aux sources de l’espérance, à ranimer la flamme de l’espérance au cœur de nos vies pour devenir des porteuses et porteurs d’espérance dans un monde en mal de témoins crédibles devant un avenir souvent sombre. Puisse ce jubilé atteindre son objectif, c’est-à-dire : fortifier, clarifier notre espérance, si souvent assombrie par tant de maux, de déceptions, de drames personnels, sociaux, guerres et famines; ou aussi par tant de fausses promesses qui s’avèrent vaines, incapables de répondre à notre soif de bonheur!
Ce document, fondement de l’année sainte 2025, mérite d’être lu et relu pour soutenir, stimuler et illuminer notre « pèlerinage d’espérance », une espérance qui rayonne, entraîne, ouvre l’avenir…
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
10 février 2025
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