Mgr Ébacher VII - Devant Jésus crucifié
Chaque matin, durant le temps du carême, je m’unis à la
prière liturgique de l’Église qui interpelle ses membres en ces mots : « Les
yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu. »
Oui, Jésus, je veux demeurer longuement devant toi crucifié,
te regardant avec les yeux du cœur. Je désire intensément pénétrer les secrets
de ton cœur, de ta vie et de ta mort, alors que tu es là, livrant ton sang par
toutes les plaies de ton corps, ce sang « qui parle plus fort que celui
d’Abel. » (Lettre des Hébreux 12,
24)
Mais que me demande l’Église quand elle me convoque à te
contempler afin d’entrer « dans le combat de Dieu »? C’est quoi, ce
combat de Dieu? Quel est l’objectif désiré par Dieu? Quel but vise-t-il? Qu’est-ce
qu’il espère obtenir à travers ce combat?
Dieu veut faire de nous ses enfants, sa famille éternelle,
me répond le Livre sacré. Il veut « conduire une multitude de fils jusqu’à
la gloire. » (2, 10) Mais il y a deux terribles obstacles : le péché
et la mort. Ces obstacles nous empêchent de vivre en relation filiale avec Dieu,
déjà en cette vie et pour toujours. Ils nous empêchent aussi de vivre
fraternellement entre nous, en une famille unie par l’amour. Il faut donc que
Dieu les fasse disparaître.
Comment un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde peut-il
mener un tel combat? Ce sera au prix de son Fils unique! Jésus, le Fils
bien-aimé, c’est toi qu’il envoie en mission parmi nous pour mener à bien ce
combat.
Pour l’entreprendre, il te fallait devenir un homme, en tout
pareil à nous. « Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et
la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition. » (2, 14) Tu as
consenti à cette solidarité avec nous, pour être notre frère, mener cette lutte
et détruire les blocages qui nous empêchent de participer à ta filiation divine.
Jésus, tu as obéi filialement et avec amour à l’ordre
éternel reçu. Tu as pleinement assumé cette mission. Tu es devenu l’un des
nôtres, comme nous fragile et voué à la mort. C’est douloureusement que tu as
vécu jusqu’au bout le plan du combat, selon la volonté de Dieu.
Pour combattre et vaincre l’ennemi, tu as dû assumer toutes
nos limites humaines, toutes nos faiblesses, sauf le péché. Comme nous, tu étais
un être sensible, émotif, capable de plaisir et de douleur, de joie et de
peine, de sérénité et d’anxiété. Et lors de ton agonie, tu as crié, tu as pleuré.
Insultes, coups, moqueries, condamnation à mort, crucifixion : rien ne te
fut épargné.
Tenté comme tout être humain, tu as lutté victorieusement
contre Satan dans ce combat de titans en te faisant obéissant au Père jusqu’à
la mort sur la croix. Dans un suprême acte d’obéissance, tu t’es offert
toi-même au Père qui a agréé ton sacrifice et ainsi tu es devenu le réconciliateur,
le médiateur entre Dieu et nous, humains pécheurs, pour faire de nous ses fils
et ses filles, tes frères et tes sœurs. Tu nous as rassemblés dans la famille
divine.
Tu es sorti vainqueur de ce combat. Après avoir accompli par
l’offre de ton sang, de ta vie, la purification des péchés, tu t’es assis « à
la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux. » (1, 3) Toi,
l’homme Jésus ressuscité, tu es au ciel, dans l’intimité de Dieu.
Mais que fais-tu au ciel? Sans cesse, tu intercèdes pour
nous. Et tu demandes à celles et ceux qui sont devenus tes compagnes et compagnons
de pèlerinage de participer à ton combat au cœur du monde aujourd’hui.
Rien maintenant ne peut faire obstacle à l’espérance dont
nous avons besoin pour mener à ta suite le combat de Dieu. Par ta passion, tu as
transformé les obstacles en moyens d’avancer en nous unissant à ton sacrifice.
Au lieu de provoquer le découragement, l’épreuve renforce l’espérance. Engagés
dans le combat spirituel, nous sommes des « pèlerins et pèlerines
d’espérance », particulièrement en ce jubilé 2025.
J’entends dans mon cœur l’appel, la mission :
« Débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui
nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée,
les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. »
(12, 1-2)
Oui, Jésus, je veux m’attacher à toi. Je veux marcher à ta
suite. Car tu me demandes de continuer aujourd’hui ton combat, le combat de
Dieu. Je suis faible! Je ne le peux pas sans ton aide efficace. Aussi, avec une
hymne liturgique contemporaine, je te prie :
Fais que je marche, Seigneur,
Aussi dur que soit le chemin.
Je veux te suivre jusqu’à la croix,
Viens me prendre par la main.
Ouvre mes mains, Seigneur,
Qui se ferment pour tout garder.
Le pauvre a faim devant ma maison,
Apprends-moi à partager.
Fais que j’entende, Seigneur,
Tous mes frères qui crient vers moi.
À leur souffrance et à leurs appels,
Que mon cœur ne soit pas sourd.
Garde ma foi, Seigneur,
Tant de voix proclamant ta mort.
Quand vient le soir et le poids du jour,
Ô Seigneur reste avec moi.
† Roger Ébacher
25 mars 2025
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