Mgr Ébacher XXXI - Ai-je raison d’espérer ressusciter après ma mort?
Saint Paul enseignait aux chrétiens de Corinthe, païens nouvellement convertis à l’Évangile, que Jésus est ressuscité des morts et qu’eux aussi ressusciterons du tombeau pour une vie nouvelle, avec Jésus pour toujours. Ça leur était difficile d’y croire, car leur culture leur avait inculqué que les morts ne ressuscitent pas!
Aujourd’hui aussi, des raisons rattachées à la récente évolution de la culture au Québec rendent difficile d’adhérer fermement à cette vérité fondamentale de notre foi. Que signifie brûler les corps des défunts? Que signifie répandre les cendres dans une rivière, sur un champ, ou encore les disséminer au gré du vent? Ou encore, en garder dans des pendentifs ou autres contenants de toutes sortes? La culture actuelle rend incertaine, floue l’avenir après la mort, et même s’il y a un tel avenir.
Oui, il est opportun d’écouter à nouveau et de méditer ce ferme enseignement de Paul. Ce sont des Paroles de Dieu qui doivent éclairer et guider notre vie quotidienne, nos choix, nos refus, notre prière, en somme nourrir et animer notre foi et notre espérance. « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures. » (1 Corinthiens 15, 3-4)
Que Jésus soit mort une fois pour toutes, c’est un fait historique, du passé, daté. Mais que Jésus soit ressuscité, c’est un fait toujours actuel, toujours actif dans la vie de celles et de ceux qui croient en l’œuvre de Dieu le Père en son Fils. La résurrection du Christ implique celle de tous les croyants. Voilà le noyau essentiel de notre foi et le fondement divin de notre espérance.
Si nous ne croyons pas de tout notre cœur et par toute notre vie que Jésus est ressuscité, c’est pour rien que nous nous disons chrétiens, chrétiennes. Comment croire que nous ressusciterons après notre mort, si nous le nions de Jésus? C’est cette conséquence très grave que Paul développe en un style très incisif.
« Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » Autrement dit, si le Christ n’est pas ressuscité, il n’y a aucune espérance possible, ni pour les morts ni pour les vivants. « Mais non! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » (1 Corinthiens 15, 16-20)
Si le Christ n’était pas ressuscité, nous aurions simplement été entraînés dans son échec. Sa résurrection est l’ultime et définitif soutien de notre espérance en notre propre résurrection pour une vie de bonheur et de joie.
Mais qu’adviendra-t-il alors de notre corps? Il sera transformé, tout en gardant son identité, pour revêtir l’immortalité, l’incorruptibilité. « Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable; il faut que cet être mortel revête l’immortalité. » (1 Corinthiens 15, 53) Paul fait appel à diverses comparaisons pour aider ses chrétiens à saisir un peu ce qu’est cette transformation. Ces comparaisons ne me rejoignent pas! Mais je retiens pour mon compte l’image de la chenille qui devient un merveilleux papillon. Cette image donne à penser… Toutefois, ce que je trouve de plus éloquent encore, c’est la parole de Jésus affirmant : « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12, 24) Ce grain de blé, c’est Jésus. Enfoui dans le tombeau, il en est sorti épi, qui sans cesse continue à fructifier deux mille ans plus tard, communiquant la vie éternelle aux hommes.
Donc, à la suite de Jésus et par la force de l’Esprit, nous devrons vivre une transformation radicale de notre être. Saint Paul y insiste : « Quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon? […] Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. » Et il termine avec cette exhortation toujours apte à stimuler nos volontés et consoler nos cœurs : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, soyez inébranlables. » (1 Corinthiens 15, 53-58)
Cette foi en la résurrection de Jésus insère dans notre vie l’espérance en la résurrection de notre chair pour la vie éternelle, pour le bonheur et la joie sans fin avec le Seigneur ressuscité. Tenons ferme, inébranlable cette certitude de notre foi-espérance pour nous préparer par une vie à la suite de Jésus à vivre avec un abandon confiant entre les mains de notre Père cette transformation nécessaire pour vivre toujours.
Avec l’Église qui proclame la foi apostolique, prions :
Seigneur Dieu,
en glorifiant ton Christ
et en donnant la lumière de l’Esprit Saint,
tu nous ouvres les portes de la vie éternelle;
fais qu’en participant à une telle grâce,
nous soyons plus dévoués à te servir
et obtenions une plus grande foi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
Oraison du vendredi de la 7e semaine de Pâques
† Roger Ébacher
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