Mgr Ébacher XXIX - Est-ce un geste d’espérance de prier pour les défunts?
Certaines traditions chrétiennes enseignent de ne pas prier
pour les défunts. Telle n’est pas la position de l’Église catholique. Le pape
Benoît XVI est explicite sur ce point dans son encyclique sur
l’espérance :
« Un motif doit encore être mentionné ici, parce qu'il
est important pour la pratique de l'espérance chrétienne. Dans le judaïsme
ancien, il existe aussi l'idée qu'on peut venir en aide aux défunts dans leur
condition intermédiaire par la prière (cf. par exemple 2 M 12, 38-45 : 1er
s. av. JC). La pratique correspondante a été adoptée très spontanément par les
chrétiens et elle est commune à l'Église orientale et occidentale. »
« Que l'amour puisse parvenir jusqu'à l'au-delà, que
soit possible un mutuel donner et recevoir, dans lequel les uns et les autres
demeurent unis par des liens d'affection au-delà des limites de la mort – cela
a été une conviction fondamentale de la chrétienté à travers tous les siècles
et reste aussi aujourd'hui une expérience réconfortante. Qui n'éprouverait le
besoin de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l'au-delà un signe de
bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon? »
« Aucun homme n'est une monade fermée sur elle-même.
Nos existences sont en profonde communion entre elles, elles sont reliées l'une
à l'autre au moyen de multiples interactions. Nul ne vit seul. Nul ne pèche
seul. Nul n'est sauvé seul. Continuellement la vie des autres entre dans ma vie :
en ce que je pense, je dis, je fais, je réalise. Et vice-versa, ma vie entre
dans celle des autres : dans le mal comme dans le bien. Ainsi mon
intercession pour quelqu'un n'est pas du tout quelque chose qui lui est étranger,
extérieur, pas même après la mort. Dans l'inter-relation de l'être, le
remerciement que je lui adresse, ma prière pour lui peuvent signifier une
petite étape de sa purification. […] Il n'est jamais trop tard pour toucher le
cœur de l'autre et ce n'est jamais inutile. Ainsi s'éclaire ultérieurement un
élément important du concept chrétien d'espérance. Notre espérance est toujours
essentiellement aussi espérance pour les autres; c'est seulement ainsi qu'elle
est vraiment espérance pour moi. En tant que chrétiens nous ne devrions jamais
nous demander seulement : comment puis-je me sauver moi-même? Nous
devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres
soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l'étoile de l'espérance?
Alors j'aurai fait le maximum pour mon salut personnel. »[1] (48)
C’est aussi la position du pape François dans la bulle
d’indiction de l’année jubilaire 2025. « Le jugement concerne donc le
salut que nous espérons et que Jésus nous a obtenu par sa mort et sa
résurrection. Il est donc destiné à nous ouvrir à la rencontre ultime avec Lui.
Et puisque, dans ce contexte, on ne peut pas penser que le mal commis reste caché,
celui-ci a besoin d’être purifié pour permettre le passage définitif dans
l’amour de Dieu. En ce sens, on comprend la nécessité de prier pour ceux qui
ont achevé leur parcours terrestre, la solidarité dans l’intercession priante
qui puise son efficacité dans la communion des saints, dans le lien commun qui
nous unit dans le Christ, premier-né de la création. » [2]
Cette espérance est affirmée dans chaque prière
eucharistique. Prions, par exemple, la formulation retenue dans la prière eucharistique
III :
Pour nos frères et sœurs défunts,
et pour tous ceux qui ont quitté
ce monde
et trouvent grâce devant toi,
nous te prions :
en ta bienveillance,
accueille-les dans ton Royaume,
où nous espérons être comblés de
ta gloire,
tous ensemble et pour
l'éternité,
par le Christ, notre Seigneur,
par qui tu donnes au monde toute
grâce et tout bien.
† Roger Ébacher
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