Mgr Ébacher XXVI - Nos engagements comme école d’espérance

 


« Tout agir sérieux et droit de l'homme est espérance en acte. Il l'est avant tout dans le sens où nous cherchons, de ce fait, à poursuivre nos espérances, les plus petites ou les plus grandes : régler telle ou telle tâche qui pour la suite du chemin de notre vie est importante; par notre engagement, apporter notre contribution afin que le monde devienne un peu plus lumineux et un peu plus humain, et qu'ainsi les portes s'ouvrent sur l'avenir. »[1]

Benoît XVI explicite : « L'engagement quotidien pour la continuation de notre vie et pour l'avenir de l'ensemble nous épuise ou se change en fanatisme si nous ne sommes pas éclairés par la lumière d'une espérance plus grande, qui ne peut être détruite ni par des échecs dans les petites choses ni par l'effondrement dans des affaires de portée historique. […] Il est important de savoir ceci : je peux toujours encore espérer, même si apparemment pour ma vie ou pour le moment historique que je suis en train de vivre, je n'ai plus rien à espérer. Seule la grande espérance-certitude que, malgré tous les échecs, ma vie personnelle et l'histoire dans son ensemble sont gardées dans le pouvoir indestructible de l'Amour et qui, grâce à lui, ont pour lui un sens et une importance, seule une telle espérance peut dans ce cas donner encore le courage d'agir et de poursuivre. »

Cela signifie-t-il qu’avec une telle espérance, nous pouvons faire advenir le règne de Dieu par nos engagements quotidiens ou extraordinaires? « Non », répond le pape. « Le règne de Dieu est un don, et c’est pourquoi justement il est grand et beau, et il constitue la réponse à l'espérance. Et nous ne pouvons pas – pour utiliser la terminologie classique – “mériter” le ciel grâce à “nos propres œuvres”. Il est toujours plus que ce que nous méritons. »

« Cependant, avec toute notre conscience de la “plus-value” du “ciel”, il n'en reste pas moins toujours vrai que notre agir n'est pas indifférent devant Dieu et qu'il n'est donc pas non plus indifférent pour le déroulement de l'histoire. Nous pouvons nous ouvrir nous-mêmes, ainsi que le monde, à l'entrée de Dieu : de la vérité, de l'amour, du bien. C'est ce qu'ont fait les saints, qui, comme “collaborateurs de Dieu”, ont contribué au salut du monde (cf. 1 Co 3, 9; 1 Th 3, 2). Nous pouvons libérer notre vie et le monde des empoisonnements et des pollutions qui pourraient détruire le présent et l'avenir. Nous pouvons découvrir et tenir propres les sources de la création et ainsi, avec la création qui nous précède comme don, faire ce qui est juste selon ses exigences intrinsèques et sa finalité. Cela garde aussi un sens si, à ce qu'il semble, nous ne réussissons pas ou nous paraissons désarmés face à la puissance de forces hostiles. »

Donc, « d'un côté, une espérance pour nous et pour les autres jaillit de notre agir; de l'autre, cependant, c'est la grande espérance appuyée sur les promesses de Dieu qui, dans les bons moments comme dans les mauvais, nous donne courage et oriente notre agir. »

J’en conclus que nous engager pour plus de fraternité, plus de paix dans notre milieu, nous engager pour défendre la beauté de la création et lutter contre la pauvreté, tous ces engagements contribuent à la venue du Règne de Dieu, même si ce dernier restera toujours un don, une grâce venant de la miséricorde amoureuse de Dieu pour ses créatures. Nos engagements vécus avec foi, espérance, amour et courage ne sont pas vains! Tenons bon avec persévérance! Et ne nous laissons pas voler notre espérance, comme le pape François aimait le répéter.

Prions avec l’Église :

Tu protèges, Seigneur Dieu, ceux qui espèrent en toi;

sans toi, rien n’est fort et rien n’est saint;

multiplie pour nous les signes de ta miséricorde,

afin que, sous ta conduite et sous ta direction,

en faisant un bon usage des biens qui passent,

nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent.

Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,

qui vit avec toi dans l‘unité du Saint-Esprit,

Dieu, pour les siècles des siècles.

Oraison du 17e dimanche du temps ordinaire

† Roger Ébacher

11 août 2025



[1] Benoît XVI, encyclique sur l’espérance, no 35 : Spe salvi (30 novembre 2007) | BENOÎT XVI


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