Mgr Ébacher XXIV - L’espérance chrétienne est-elle individualiste?
Me vient à l’esprit un chant de saint Grignion de Montfort qui
fut très populaire : « Je n'ai qu'une âme qu'il faut sauver, de
l'éternelle flamme il faut la préserver. » Oui, sans doute! Mais est-ce là
l’espérance chrétienne dans toutes ses dimensions? Grignion de Montfort savait
fort bien que non, lui qui fut un missionnaire si valeureux et fonda des
communautés missionnaires.
Dans son encyclique sur l’espérance[1], le
pape Benoît XVI pose la question avec grande insistance, marquant ainsi
l’importance de bien comprendre l’espérance chrétienne dans ses dimensions
ecclésiales et sociales. L’espérance chrétienne consisterait-elle en « un
pur individualisme, qui aurait abandonné le monde à sa misère et qui se serait
réfugié dans un salut éternel uniquement privé? » (13) Sa réponse est
négative!
« Le salut a toujours été considéré comme une réalité
communautaire. […] Cette vie véritable, vers laquelle nous cherchons toujours
de nouveau à tendre, est liée au fait d'être en union existentielle avec un “peuple”
et, pour toute personne, elle ne peut se réaliser qu'à l'intérieur de ce “nous”.
Elle présuppose donc l'exode de la prison de son propre “moi”, parce que c'est
seulement dans l'ouverture de ce sujet universel que s'ouvre aussi le regard
sur la source de la joie, sur l'amour lui-même – sur Dieu. » (14)
« De l'amour envers Dieu découle la participation à la
justice et à la bonté de Dieu envers autrui; aimer Dieu demande la liberté
intérieure face à toute possession et à toutes les choses matérielles :
l'amour de Dieu se révèle dans la responsabilité envers autrui. […] Le Christ
est mort pour tous. Vivre pour Lui signifie se laisser associer à son “être
pour”. » (28)
Et Benoit XVI ajoute l’exemple de saint Augustin :
« En raison de son espérance, Augustin s'est dépensé pour les gens simples
et pour sa ville – il a renoncé à sa noblesse spirituelle et il a prêché et agi
de façon simple pour les gens simples. » (29)
En somme : « Notre espérance est toujours
essentiellement aussi espérance pour les autres; c'est seulement ainsi qu'elle
est vraiment espérance pour moi. En tant que chrétiens nous ne devrions jamais
nous demander seulement : comment puis-je me sauver moi-même? Nous
devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres
soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l'étoile de l'espérance.
Alors j'aurai fait le maximum pour mon salut personnel. » (48)
Croire en Jésus et espérer vivre toujours avec lui implique que
je marche dans le chemin qu’il a suivi : le chemin du don de soi, de la
bonté, de la générosité, de l’attention à toute personne et en particulier aux
pauvres. En somme, il s’agit de marcher dans le chemin tracé par l’Évangile, y
être jour après jour « pèlerin d’espérance » (thème du Jubilé 2025).
Mon espérance chrétienne doit rayonner dans mon milieu de
vie et y apporter réconciliation, consolation, joie, paix, amour. C’est le
chemin vers la vie éternelle.
Prions avec l’Église :
Donne à tes fidèles, Dieu tout-puissant,
la volonté d’aller par les chemins de la justice
à la rencontre de celui qui vient, le Christ,
afin qu’ils soient admis à sa droite
et méritent d’entrer dans le Royaume des Cieux.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
Amen.
Oraison du 1er
dimanche de l’Avent
† Roger Ébacher
17 juillet 2025
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