Mgr Ébacher XV - Ne perdons pas notre espérance !
L’auteur de la Lettre aux Hébreux affirme l’efficacité de l’offrande que Jésus a faite de lui-même lors de son agonie et sur la croix. Son sacrifice est une obéissance amoureuse envers le Père menée jusqu’au bout et donc pleinement réussie en faveur de tous les hommes. Jésus Christ, « après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. » (10, 12) Et par cette unique offrande, « il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. » (10, 14)
Le sacrifice du Christ offert une fois pour toutes a donc atteint son but. Par cette œuvre à la fois humaine et divine, Jésus a effectué la transformation des fidèles qui croient en lui. Par cette offrande filiale envers le Père et amoureuse envers nous, Jésus nous a sanctifiés. Oui, notre sanctification est l’œuvre de Dieu par l’intermédiaire du sang du Christ Jésus.
Quelle est donc pour nous cette situation religieuse nouvelle créée par le Christ? C’est que nous avons maintenant le droit d’entrer dans le sanctuaire éternel où Jésus ressuscité nous appelle et nous attend. C’est une situation privilégiée, une nouveauté inouïe! Les barrières sont supprimées entre les chrétiens et Dieu. Passage libre! Une voie unique, nouvelle et vivante d’accès à Dieu est inaugurée (10, 11 et 20) : un chemin qui mène jusqu’au trône où est Jésus près du Père et intercédant pour nous. Jésus nous a procuré ce droit de passage en entrant dans le ciel « par son propre sang » (9,12). Grâce à ce sang donné généreusement, Jésus a surmonté pour les hommes tous les obstacles qui s’opposaient à leur communion avec Dieu, donc à leur sanctification.
Prenons bien conscience du changement profond de notre situation religieuse apportée par le sang du Christ. Et du même coup, accueillons cette invitation d’y correspondre dans une vie de foi et d’amour, au sein de la communauté chrétienne et dans notre monde.
Oui, à nous d’accepter librement cette sanctification, donnée comme une grâce du Père qui nous veut ses enfants et nous attire vers lui. À nous de présenter à Dieu cette offrande qu’est notre existence, stimulée par la foi au sang du Christ Jésus et transformée par le feu du ciel qu’est la charité. À nous de nous y engager par une vie chrétienne fervente. Cette grande œuvre du Père et de Jésus est notre ferme espérance. Nous approchant de Dieu le Père avec grande confiance, notre vie est ainsi peu à peu transformée, sanctifiée.
L’auteur de cette lettre nous fait ici entendre une fraternelle exhortation à vivre une telle vie chrétienne généreuse, animée par la confiance, le courage et l’espérance :
« Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant. […] Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure [le baptême]. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. […] Ne perdez pas votre assurance; grâce à elle, vous serez largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation des promesses. » (10, 19-36)
L’endurance dont il s’agit ici, c’est l’espérance qui doit s’affirmer devant de grands défis, dans notre marche de pèlerins et pèlerines appelées à tenir bon et à avancer dans le chemin ouvert par le Christ Jésus. Il y a des obstacles! Il y a des tentations! Il faut marcher avec endurance et espérance!
Je trouve un écho fidèle de cette exhortation dans l’appel que le pape François a fait entendre et sans cesse répété à l’adresse des chrétiens et de tous les hommes : « Ne nous laissons pas voler l’espérance! » On trouve cet appel dans sa première exhortation apostolique intitulée : La joie de l’Évangile. Elle revient régulièrement dans ses homélies, dans ses divers écrits et paroles. Ce fut là une sorte de mot d’ordre de son pontificat. Nous pouvons ainsi avoir la certitude que l’exhortation de la Lettre aux Hébreux est toujours actuelle. À vous aujourd’hui de la traduire dans notre vie.
Prions avec la liturgie de l’Église :
Tu protèges, Seigneur Dieu, ceux qui espèrent en toi;
sans toi rien n'est fort et rien n'est saint :
multiplie pour nous les signes de ta miséricorde,
afin que, sous ta conduite et sous ta direction,
en faisant un bon usage des biens qui passent,
nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeurent.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
Prière du 17e dimanche du temps ordinaire
† Roger Ébacher
20 mai 2025
En tant que chrétien nous vivons une situation privilégiée, qui est une situation religieuse nouvelle créée par le Christ. Dans cette situation, le Christ nous procure le droit d’entrer en relation avec Dieu, relation où les barrières sont supprimées.
RépondreSupprimerJ’en prends bien conscience que, en tant que chrétienne, je vis une situation privilégiée.
Merci de nous faire voir cette dimension de la relation avec Dieu.