Que la Parole habite en vous

            Quatre semaines à attendre, à désirer, à espérer, à se préparer à accueillir celui qui vient. Quatre semaines à marcher à la lumière en se laissant modeler par la Parole, par les signes présents par lesquels Dieu exprime son amour pour tous les êtres humains. Nous entrons pour quelques jours, dans un temps où nous serons invités à permettre à la Parole d’habiter en nous. Comme Marie qui a accepté de porter l’enfant de la promesse, comme Joseph qui a consenti à devenir un partenaire dans le projet de Dieu. Ce petit enfant, Parole, Verbe de Dieu fait chair, veut que nous le laissions nous habiter.

            C’est une parole qui crée, qui transforme et qui est personnelle à chacun, chacune. Elle est celle qui nous pousse à devenir tout ce que nous pouvons être. Elle est celle par qui Dieu nous parle et nous appelle pour notre plus grand bien. Elle est une lumière sur notre route à la suite de Jésus Christ. C’est ce que nous fêtons durant ce temps de Noël. Toute la puissance d’amour de Dieu qui entre dans le monde pour ne plus en ressortir.

            Pour que la Parole habite en nous, il faut l’entendre. Et pour l’entendre, il faut arriver à faire silence en nous. Nous sommes tellement occupés et préoccupés par toutes sortes de choses, que nous arrivons difficilement à faire silence. Vous me direz peut-être que dans le temps de Noël c’est encore plus difficile ? C’est vrai. Mais est-ce impossible ? J’espère bien que non. Nous devons apprendre à écouter le souffle discret de la Parole dans nos vies. Un souffle aussi discret que celui d’un bébé qui dort paisiblement et pourtant bien vivant. Un souffle qui vient nous animer de l’intérieur comme un surcroit de vie. Laissons-nous habiter.

            La Parole nous rapproche de Dieu. Elle nous rend intimes avec Dieu. Elle nous travaille de telle sorte qu’elle nous transforme comme la mer qui crée des sculptures dans les rochers. Le verbe fait chair, Dieu qui s’incarne au cœur de l’humanité, c’est Dieu qui veut nous rencontrer encore et toujours. Il veut une relation intime avec nous et qui nous veut heureux. C’est ce que l’enfant de la crèche vient proclamer, en toute lumière, par sa naissance. L’incarnation de la Parole, c’est maintenant notre mission.

            Dans l’épître de Paul du dimanche de la Sainte Famille, ne retenez que ceci : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtres ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Par-dessus tout cela, qu’il y ait de l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. »

            Je vous souhaite un Noël rempli d’amour et d’heureuses rencontres, avec des oasis de silence pour entendre le souffle de la Parole.

                                                                       Suzie Arsenault



Bilan de l'année 2013 à l'archidiocèse de Gatineau

 Voici venu le moment de l’année où l’on s’arrête pour faire le point. En cette fin d’année jubilaire du 50e anniversaire de l’archidiocèse de Gatineau, prenons le temps de regarder ce que nous avons fait de ce temps et de cet espace d’alliance qui nous a été confié.

Des rencontres :

  • la tournée pastorale de l’Archevêque qui l’a amené à rencontrer des fidèles de toutes les paroisses du diocèse
  • le troisième pèlerinage des Chemins qui marchent dans les paroisses de l’Ouest du diocèse


Des célébrations :

  • la dédicace de la Cathédrale St-Joseph le jour anniversaire du 50e
  • l’ordination de deux diacres permanents en la fête patronale du diocèse


Des retrouvailles :

  • concert hommage aux groupes communautaires offert par François Dompierre
  • Le gala du 50e. Plus de 1000 personnes réunies pour célébrer leur fierté et leur attachement à leur Église diocésaine


Du perfectionnement :

  • La retraite des prêtres en juin à St-Donat
  • Les jours de réflexion en octobre avec les agentes et agents de pastorale
  • Les sessions diocésaines sur les ADACES
  • Le lancement du cours diocésain sur la liturgie
  • Le lancement de l’année pastorale
  • Les sessions d’information pour les marguilliers
  • Et d’autres activités qui ont permis à plus de 500 personnes de s’enrichir


De la transparence:

  • La diffusion des états financiers du diocèse sur Internet
  • Le présentation et la discussion des questions financières et budgétaires avec les représentants (es) des paroisses et les fidèles


De la visibilité :

  • Publication du livre « Comme un arbre… l’archidiocèse de Gatineau se raconte » 
  • D’importants moyens déployés tout au long de l’année afin d’accroître l’intérêt des médias et de la population pour notre Église et pour la foi qui nous anime (publicité dans les journaux à la radio sur les autobus, entrevues télé et radiophoniques)
  • « La Messe québécoise » célébrée dans tous les grands secteurs de notre diocèse


De l’écoute :

  • La deuxième ronde de consultation du comité spécial sur le financement du diocèse et des paroisses, menant à la rédaction du rapport « L’Esprit du changement » à notre Archevêque.


De la rigueur :

  • La tournée d’un « visiteur » nommé par l’Archevêque qui, profitant du changement de pasteur dans plusieurs de nos paroisses, assiste les Assemblées de Fabrique dans la mise à niveau de leurs méthodes de gestion


De l’humilité :

  • Loin de nous voiler la face : nos rencontres, nos activités, nos consultations nous ont permis de prendre la véritable mesure des défis auxquels nous sommes confrontés.


Conférence de Mgr Albert Rouet à l’occasion du lancement de l’année pastorale diocésaine.

Le vendredi 13 septembre, Mgr Albert Rouet nous a entretenus sur l’expérience des communautés locales qu’on décline habituellement sous une panoplie de termes (Équipe d’animation pastorale, Équipe locale d’animation pastorale, Équipe locale, Communauté locale, Petite communauté chrétienne, etc.).

1.      Présentation de Mgr Albert Rouet

Mgr Albert Rouet est né en 1936 dans le Centre de la France, de parents agriculteurs. Ordonné prêtre pour le diocèse de Paris en 1963, il a été pendant longtemps aumônier de jeunes,  responsable de services diocésains et interdiocésains et vicaire général. Il devient évêque auxiliaire de Paris en 1986, puis évêque en 1994 et archevêque de Poitiers en 2002. C’est dans ce diocèse qu’il a initié une expérience pastorale fondé sur la redécouverte de l’importance de la communion baptismale en Église, appelée communément les communautés locales. Au sein de la conférence des évêques de France, il a présidé la Commission Sociale de (1991-1997). Mgr Rouet est archevêque émérite depuis février 2011.

2.      Les grandes lignes de sa conférence

Les communautés locales. De quoi s’agit-il ?

Pour Mgr Rouet, le projet tient en quelques lignes. Premièrement, il tient dans un grand chantier de préparation commencé par ses prédécesseurs, avec notamment l’existence d’un centre de formation pour les laïcs. Son initiative s’est inscrite dans la continuité du travail des anciens évêques du diocèse de Poitiers et dans une histoire commencée avant lui. Ensuite, étant lui-même fils d’agriculteurs originaires de la région du Centre de la France, voisine de Poitou-Charentes (où est situé le diocèse de Poitiers), il dit avoir très tôt été sensible à la situation de ce coin du pays : grandes mutations sociales, culturelles et politiques. Enfin, l’expérience consiste à permettre aux baptisés-confirmés d’exprimer les dons que chacun et chacune reçoit de l’Esprit pour le bien de tous. En clair, elle est une manière de vivre la communion ecclésiale à partir des responsabilités particulières : des hommes et des femmes – ayant une vie de famille, engagés professionnellement dans divers secteurs de la société – apportent à l’Église des situations, des histoires qui donnent corps à leur vie de croyantes et de croyants. Enracinés dans l’évangile, impliqués dans la société, ils participent à rendre plus humain leur secteur.

Les motivations ou les occasions

Les changements sociaux, administratifs et politiques, les mutations de l’espace aussi bien rural qu’urbain rendaient nécessaire de reconsidérer la manière d’être Église et de vivre la foi en communauté. Il apparaissait très clairement aux yeux de Mgr Rouet que la paroisse telle que conçue, spécialement dans le cadre de la France (une communauté = une paroisse = un prêtre), était de moins en moins en phase avec la manière dont nos contemporains conçoivent l’espace. Il en est arrivé au constat que le simple remodelage des paroisses, perspective qui lui semblait être de courte vue, était insuffisant si l’on voulait s’assurer une manière nouvelle de vivre la foi dans un monde en perpétuelles mutations. Il fallait donc inventer et imaginer l’Église autrement. Une conviction : l’Église est présente là où deux ou trois sont réunis au nom du Christ.

Les sources 

À partir donc des ressources en présence, il a regardé ce qui se passait à l’autre bout du monde : l’expérience des Communautés ecclésiales des base en Amérique latine et celle des Petites communautés vivantes du cardinal Malula, en Afrique (Congo).

La référence

Le concile Vatican II constitue la référence ultime. Pour Mgr Rouet, l’aventure des communautés locales repose sur une conviction ardente présente dans les intuitions majeures du concile : celle de poser lucidement  les conditions d’une nouvelle compréhension de la charge ecclésiale et du partage des responsabilités dans la mission entre les baptisés  et les ministres.  L’intuition des communautés locales est avant tout missionnaire : redonner le goût de l’espérance, mettre debout des hommes et des femmes qui veulent témoigner de leur foi. Le concile a en effet vivement soutenu l’élan du partage des responsabilités dans la proposition de l’Évangile.

Le rôle des laïcs

En équipe, des laïcs exercent la vocation reçue des sacrements de l’initiation chrétienne. En secteur, une équipe d’animation pastorale, avec des ministères reconnus selon des charges particulières, anime une unité pastorale fondamentale.

L’évêque

L’évêque, dont la charge consiste à reconnaître les charismes et les ministères, de sorte que tout le monde à sa façon et dans l’unité apporte son concours à l’œuvre commune (LG 30), veille à reconsidérer l’articulation des différents services et ministères vécus en coresponsabilité.

Le rôle du prêtre

Le prêtre est compris comme exerçant un ministère de communion. Signe de la communion, il est au service de la communion, notamment en présidant l’eucharistie et les sacrements. La communion ne demande cependant pas de tout faire; elle place au point de rencontre. Le prêtre conduit sur le chemin de la foi, réunit pour la vie sacramentelle et soutient l’élan missionnaire.

3.      Quelques conditions pour une mise en œuvre féconde

Pour Mgr Rouet, il est fondamental de ne pas imposer, mais de convaincre les gens qu’ils sont capables. Il convient également d’avancer progressivement au fur et à mesure que les personnes sont prêtes, de fixer des règles convenables pour le fonctionnement et de s’en tenir sans cependant en devenir esclaves. Se référer à la typologie bien connue du père Yves Congar : stabilité, durée, reconnaissance et importance de porter le(s) projet(s) ensemble.


NB : En France, le père Rouet – comme on l’appelle là-bas – s’est fait une réputation non seulement par sa grande capacité à tenir un discours de haute volée sans texte et de manière cohérente, mais aussi par son sens de l’humour, décapant et savoureux. Il nous a agréablement bien servi ce double sentiment : d’un côté du sérieux, de l’autre du rire.

Dimanche Missionnaire Mondial 2013

Dimanche missionnaire mondial Le 20 octobre est le Dimanche missionnaire mondial. Vous êtes invités à en faire la célébration d’une façon solennelle. Vous savez certainement que l’ordo nous permet de choisir la messe pour l’évangélisation des peuples. C’est peut-être plus facile de partir de ces textes pour une homélie appropriée à la circonstance. Je suis disponible pour assister toute paroisse ou groupe qui pourrait avoir besoin de mes services pour toute activité missionnaire tout au long de l’année. Pour la journée même, je suis occupé à la cathédrale et aux lieux qui sont proches. Le thème de cette année est très inspirant. On suggère aux gens de devenir témoins, jusqu’aux extrémités du monde. Avec le très grand nombre d’immigrants que nous recevons, nous pouvons dire que le bout du monde vient à nous. Il faut être témoins de l’Évangile autour de nous. C’est par notre témoignage de vie que ces gens de loin pourront voir ce qu’est l’Évangile. Notre entourage devient de plus en plus neutre. C‘est le moment pour faire contraste avec l’entourage et être ainsi porteurs de la Bonne Nouvelle. Ceci n’est pas une raison pour ne pas nous préoccuper aussi de toutes les nations que le Christ, dans son ultime message, nous a demandé d’aller évangéliser. Il faut comprendre qu’évangéliser n’est pas synonyme de convertir. Je cite quelques mots du chant de Robert Lebel : « Il faudrait qu’en vous voyant vivre, étonnés les gens puissent dire…» Les dons faits aux œuvres pontificales missionnaires sont un moyen de témoigner de notre foi et de notre charité jusqu’aux extrémités du monde. Ceux et celles qui reçoivent notre aide font partie des plus démunis du monde. En les aidant, nous devenons des porteurs de la Bonne Nouvelle. Je veux aussi vous signaler qu’en fin novembre, j’irai représenter les directeurs diocésains de pastorale missionnaire à un congrès panaméricain. Après mon retour, je serai heureux de rencontrer ceux et celles qui aimeraient que je les fasse bénéficier de ce que j’aurai vu et entendu. René Mailloux fms 45 rue Prévost Gatineau Qué. J9A 1P2 Tel (819) 778-1282 renemailloux41@yahoo.ca

Homélie de Pape François à Assise

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25).

Paix et bien à tous ! Par cette salutation franciscaine je vous remercie d’être venus ici, sur cette place chargée d’histoire et de foi, pour prier ensemble.

Aujourd’hui, moi aussi, comme beaucoup de pèlerins, je suis venu proclamer la louange du Père pour tout ce qu’il a voulu révéler à l’un de ces « tout-petits » dont nous parle l’Évangile : François, fils d’un riche commerçant d’Assise. La rencontre avec Jésus le conduisit à se dépouiller d’une vie aisée et insouciante, pour épouser « Dame Pauvreté » et vivre en vrai fils du Père qui est aux cieux. Pour saint François, ce choix indiquait une manière radicale d’imiter le Christ, de se revêtir de Celui qui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre afin de nous enrichir par sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9). Dans toute la vie de François l’amour pour les pauvres et l’imitation du Christ pauvre sont deux éléments inséparablement unis, les deux faces d’une même médaille. Quel témoignage François nous donne-t-il aujourd’hui ? Que nous dit-il, non par ses paroles – cela est facile – mais par sa vie ?

1. La première chose, la réalité fondamentale qu’il nous donne en témoignage est ceci : être chrétien c’est une relation vitale avec la Personne de Jésus, c’est se revêtir de Lui, c’est s’assimiler à Lui. D’où part le chemin de François vers le Christ ? Il part du regard de Jésus sur la croix. Se laisser regarder par Lui au moment où il donne sa vie pour nous et nous attire à Lui. François a fait cette expérience particulièrement dans la petite église de saint Damien, durant sa prière devant le crucifix, que moi aussi je pourrai vénérer aujourd’hui. Sur ce crucifix Jésus n’apparaît pas mort, mais vivant ! Le sang coule des blessures de ses mains, de ses pieds et de son côté, mais ce sang exprime la vie. Jésus n’a pas les yeux fermés, mais ouverts, grand ouverts : un regard qui parle au coeur. Et le Crucifié ne nous parle ni de défaite, ni d’échec ; paradoxalement, il nous parle d’une mort qui est vie, qui enfante la vie, parce qu’elle nous parle d’amour, parce que c’est l’Amour de Dieu incarné, et l’Amour ne meurt pas, au contraire, il triomphe du mal et de la mort. Celui qui se laisse regarder par Jésus crucifié est re-créé, il devient une « nouvelle créature ». Tout part de là : c’est l’expérience de la Grâce qui transforme, le fait d’être aimés sans mérite, tout en étant pécheurs. C’est pourquoi François peut dire, comme saint Paul : « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Ga 6, 14). Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : apprends-nous à rester devant le Crucifié, à nous laisser regarder par Lui, à nous laisser pardonner et recréer par son amour.

2. Dans l’Évangile nous avons écouté ces paroles : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos » (Mt 11, 28-29). C’est la deuxième chose que François nous donne en témoignage : celui qui suit le Christ reçoit la véritable paix, celle que Lui seul, et non pas le monde, peut nous donner. Beaucoup associent saint François à la paix, et c’est juste, mais peu vont en profondeur. Quelle est la paix que François a accueillie et vécue et qu’il nous transmet ? Celle du Christ, passée par le plus grand amour, celui de la Croix. C’est la paix que Jésus Ressuscité donna aux disciples quand il apparut au milieu d’eux et dit : « La Paix soit avec vous ! », et il le dit en montrant les blessures de ses mains et son côté transpercé (cf. Jn 20, 19.20). La paix franciscaine n’est pas un sentiment doucereux. S’il vous plaît : ce saint François n’existe pas ! Elle n’est pas non plus une espèce d’harmonie panthéiste avec les énergies du cosmos… cela aussi n’est pas franciscain, mais c’est une idée que certains ont construite ! La paix de saint François est celle du Christ, et la trouve celui qui « prend sur soi » son « joug », c’est-à-dire son commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (cf. Jn 13, 34 ; 15, 12). Et on ne peut pas porter ce joug avec arrogance, avec présomption, avec orgueil, mais seulement avec douceur et humilité du coeur. Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : apprends-nous à être des « instruments de paix », de la paix qui a sa source en Dieu, la paix que le Seigneur Jésus nous a apportée.

3. « Très haut, tout-puissant, bon Seigneur… Loué sois-tu… avec toutes tes créatures » (FF, 1820). C’est ainsi que commence le Cantique de saint François. L’amour pour toute la création, pour son harmonie. Le Saint d’Assise témoigne du respect pour tout ce que Dieu a créé et que l’homme est appelé à garder et à protéger, mais il témoigne surtout du respect et de l’amour pour tout être humain. Dieu a créé le monde pour qu’il soit lieu de croissance dans l’harmonie et dans la paix. L’harmonie et la paix ! François a été un homme d’harmonie et de paix. De cette Cité de la Paix, je répète avec la force et la douceur de l’amour : respectons la création, ne soyons pas des instruments de destruction ! Respectons tout être humain : que cessent les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes et que partout la haine cède la place à l’amour, l’offense au pardon et la discorde à l’union. Écoutons le cri de ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la violence, du terrorisme ou de la guerre, en Terre Sainte, si aimée de saint François, en Syrie, au Moyen-Orient, dans le monde.
Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : obtiens-nous de Dieu le don de l’harmonie et de la paix dans notre monde !

Nous ne pouvons pas oublier, enfin, qu’aujourd’hui l’Italie célèbre saint François comme son Patron. Cela est aussi exprimé par le traditionnel geste d’offrande de l’huile pour la lampe votive, qui revient cette année à la Région de l’Ombrie. Prions pour la Nation italienne, pour que chacun travaille toujours pour le bien commun, en regardant ce qui unit plus que ce qui divise. Je fais mienne la prière de saint François pour Assise, pour l’Italie, pour le monde : « Je te prie donc, o Seigneur Jésus Christ, père des miséricordes, de ne pas daigner regarder notre ingratitude, mais de te souvenir toujours de la pitié surabondante que tu as manifestée [dans cette ville], afin qu’elle soit toujours le lieu et la demeure de ceux qui vraiment te connaissent et glorifient ton nom béni et très glorieux dans les siècles des siècles. Amen » (Miroir de perfection, 124, FF, 1824). 

Homélie de Mgr Durocher à la CÉCC en la fête de Saint Padre Pio, 23 septembre 2013


Je dois admettre que je ne connaissais pas beaucoup Padre Pio avant de me retrouver à Rome comme étudiant en théologie à l’âge de quarante ans. J’étais allé à la pharmacie me procurer un médicament : j’ai été frappé par la grande photo du Padre Pio accroché sur le mur derrière la caisse. De retour à la résidence, on m’a expliqué à quel point Padre Pio était le saint préféré des Italiens. De fait, j’ai commencé à remarquer toutes les photos du saint qu’on pouvait trouver dans les magasins de Rome.

Ce phénomène m’a frappé encore plus lorsque je me suis retrouvé au Vatican pour ma première visite æ limina en tant qu’évêque. C’était en mai 1999. La date retenue pour la visite des évêques de l’Ontario coïncidait avec la béatification de Padre Pio. Je me souviens d’être assis sur l’esplanade de la place St-Pierre, non loin de l’autel, ému par la foule immense qui s’y était rassemblée pour l’événement, profondément touché par la joie et la dévotion de ce peuple.

L’an dernier, lors de la visite annuelle de la présidence de la CÉCC au Vatican, je suis entré par curiosité dans une de ces nombreuses églises qui abondent dans le centre historique de Rome. Celle-ci s’appelle San Salvatore in LauroJe ne savais pas que c’est aussi le sanctuaire romain consacré à Padre PioJ’y ai trouvé une sculpture remarquable  :  Padre Pio, à la place de Simon de Cyrène, aidant Jésus à porter sa croix. Jésus a le visage tourné pour regarder Padre Pio, celui-ci n’d’yeux que pour son Sauveur. Quelle belle expression de l’union intime du disciple et de son maître. Quelle puissante évocation de l’expression de Saint Paul : « Avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n’est plus moi; c’est le Christ qui vit en moi. »

Il y eut une époque dans l’Église où l’on se glorifiait des mortifications qu’on pouvait s’imposer : jeûnes, pénitences, autoflagellationveilles, travaux onéreux, nourriture exécrable. Dans tout ceci, on tentait de s’unir au Christ dans sa souffrance sur la croix. Mais ce courant spirituel, qu’on identifie aujourd’hui comme le dolorisme, risquait d’oublier un fait capital. Sur la croix, Jésus a transformé sa souffrance, et la violence qui en était la cause, en geste d’amour, de pardon, de don ultime de lui-même au Père et à nous. Rappelons-nous les paroles du Pape Jean-Paul II : « L’Esprit Saint, en tant qu’Amour et Don, descend, en un sens, au cœur même du sacrifice offert sur la Croix... Il consomme ce sacrifice par le feu de l’Amour qui unit le Fils au Père dans la communion trinitaire."

Ainsi, le mystère de la Croix n’est-il pas d’abord un mystère de souffrance, mais un mystère d’amour : amour de Dieu, amour des enfants de Dieu. Les deux axes de la Croix évoquent ces deux amours d’une façon visuelle : la poutre verticale nous rappelant le mouvement qui unit le ciel et la terre, la poutre horizontale nous rappelant le mouvement qui unit tous les humains en un seul corps.
Lorsque Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive, il ne les invite pas à la souffrance, mais à l’amour : amour de Dieu, amour des humains. Certes, l’amour comporte son poids de souffrance, cela est inévitable; mais c’est à l’amour que nous convie Jésus.

Padre Pio a compris cela. Il ne se glorifiait pas de ses souffrances, il les trouvait plutôt gênantes. Il aurait voulu que ses stigmates soient purement intérieures, afin qu’elles n’attirent pas d’attention. Il désirait plutôt que notre attention soit portée sur le Christ à aimer et à imiter, et sur nos frères et sœurs, surtout les plus pauvres, à aimer et à soigner. La grande œuvre qu’il a laissée n’est pas un sanctuaire, mais un hôpital. Dès que sa réputation a commencé à attirer vers lui les pauvres et les malades, il a voulu qu’on leur construise un centre de soins physiques et spirituels. En 1956, lors du premier anniversaire de l’ouverture de sa Casa Sollievo della Sofferenza, il disait : “L’amour est l’actualisation et la communication de la vie surabondante que Jésus a déclaré être venu donner.... L’amour divin se fortifie dans l’esprit du malade grâce à l’amour de Jésus crucifié qui émane de ceux qui l’assistent dans l’infirmité de son corps et de son esprit... Ici, les patients, les médecins, les prêtres seront des réserves d’amour qui, plus il abonde dans le cœur de l’un, plus se communiquera à l’autre.

Ces paroles d’un saint qui avait reçu le nom François lors de son baptême, ellestrouvent un écho dans les paroles et les gestes d’un pasteur qui a choisi le nom deFrançois lorsqu’il est devenu pape. Nous avons tous été touchés par l’interviewqu’il a accordée et qui a été publiée la semaine dernière. Entre autres, nous y avons lu ces mots : La chose dont a le plus besoin l’Église d’aujourd’huic’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a le cholestérol et si son taux de sucre est trop haut! Nous devons commencer par soigner ses blessures. Ensuite, nous pourrons aborder le reste... La première réforme doit être celle de la manièred’être. Les évêques, en particulier, doivent être des hommes capables de soutenir avec patience les pas de Dieu parmi son peuple, de manière à ce que personne ne reste en arrière, mais aussi d’accompagner le troupeau qui a le flair pour trouver de nouvelles voies. Au lieu d’être seulement une Église qui accueille et qui reçoit en tenant les portes ouvertes, cherchons plutôt à être une Église qui trouve de nouvelles routes, une église capable de sortir d’elle-même et d’aller vers celui qui ne la fréquente pas. Mais il y faut de l’audace, du courage.

Il est bon pour nous, évêques canadiens, d’entendre ces mots alors que nous nous rassemblons pour notre réunion annuelle. Nous tenterons ensemble de vivre les deux mouvements de la croix : l’union à Dieu dans la prière personnelle et dans la célébration quotidienne de la liturgie des heures et de l’Eucharistie; l’amour miséricordieux pour nos frères et sœurs alors que nous consacrerons de grandes plages de temps aux défis que doivent relever les familles aujourd’huid’une part, et à notre engagement pour la charité et la justice dans le monde par le biais du réseau des Caritas, dont fait partie l'Organisation canadienne catholique pour le développement et la paix. Mais il nous faudra de l'audace et du courage. Cette force, nous ne la trouverons qu'au pied de la Croix du Christ.

Je ne peux m'empêcher, en concluant ma réflexion, d'évoquer le débat au Québec autour du crucifix suspendu au-dessus du siège du président de l'Assemblée nationale. Les partis politiques sont bien voulant de le laisser là comme vestige patrimonial de la culture québécoise. Mais pour les croyants et les croyantes que nous sommes, un crucifix est bien plus qu'un rappel du passé. Il est un symbole vivant de l'appel qui nous habite, bien plus, de Celui qui nous habite. Il nous rappelle que notre vie prend tout son sens lorsque nous nous ouvrons à l'amour qui vient d'en haut, et que nous nous consacrons à répandre cet amour autour de nous. Jacques Cartier a planté une croix lorsque pour la première fois il a débarqué sur cette plage qui deviendrait un jour sol canadien. Notre mission, c'est de replanter la croix sur ce sol canadien tous les jours de notre vie, partout où nous passons, en témoignant de notre foi, en semant l'espérance et en partageant l'amour qui nous pousse vers l'autre pour qu'il vive en plénitude. Que cette semaine, la croix soit au centre de notre rencontre. Et que chaque jour, la croix soit au centre de nos vies.

Jour de jeûne et de prière pour la Syrie

Dans un discours passionné lors de l’angélus de dimanche dernier à la place St-Pierre de Rome, le Pape François a dénoncé la guerre et la violence, invitant les catholiques du  monde entier à observer « une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie » samedi prochain, le 7 septembre, veille de la fête de la Nativité de Marie, Reine de la Paix.




Quelle date?

La Conférence des Évêques catholiques du Canada avait déjà invité les catholiques du pays à observer une telle journée de jeûne et de prière pour le même motif le samedi 14 septembre, fête de la Croix glorieuse. Évidemment, l’essentiel n’est pas la date, mais l’intention et la pratique. Le 7 arrive rapidement. Afin de mieux se préparer, je nous invite à observer cette journée le samedi 14 septembre, comme l’avait prévu la CÉCC.

La prière

Comment vivre cette journée? D’abord par la prière. Vous pourriez vous rendre à votre paroisse pour y participer à un moment de prière communautaire : la messe, une liturgie de la Parole, un temps de prière devant le Saint-Sacrement, la célébration du sacrement du Pardon sont toutes des activités possibles.

Individuellement, vous pourriez prendre des temps de prière à la maison. Vous pourriez prier le chapelet en méditant les mystères douloureux.


Vous pourriez prier la liturgie des heures : prière du matin (laudes), du milieu du jour (tierce à 9h, sexte à midi ou nones à 15h), du soir (vêpres) et de la nuit (complies). Vous pouvez trouver les textes de ces prières en cliquant le jour-même sur le lien suivant.


Dans la colonne de gauche, vous verrez des hyperliens vers les diverses prières.

Le sens du jeûne

Benoit XVI dans son message du carême en 2011 disait : « Pour le chrétien, le jeûne a une signification profondément religieuse : en appauvrissant notre table, nous apprenons à vaincre notre égoïsme pour vivre la logique du don et de l’amour…  la pratique du jeûne n’a rien d’intimiste, mais ouvre à Dieu et à la détresse des hommes. » 

Depuis Vatican II, l’Église n’impose plus que deux jours de jeûne effectif, soit le mercredi des cendres qui est le premier jour du carême et le Vendredi Saint pour nous associer à la mort de Jésus sur la croix afin de ressusciter avec lui le jour de Pâques. Il peut être offert comme une réparation de nos péchés, une décision de changer quelque chose dans nos vies pour laisser Dieu y prendre sa place, mais il peut aussi être offert pour les autres. Qu’importe la raison de jeûner, c’est toujours un geste de solidarité avec ceux et celles qui n’ont rien à manger, qui sont dans la souffrance.  

Comme ouverture à Dieu, le jeûne est une réponse à l’invitation qui nous est faite : « Soyez des disciples de Jésus ».  Comme il est ouvert à la détresse des humains et intimement lié à la question du partage, le jeûne doit nous pousser à des actions de charité, de solidarité d’un cœur libre de disciples.

Comment jeûner

Dans la tradition catholique, le jeûne ne veut pas dire la privation de toute nourriture. Il s’agit plutôt de modifier notre diète pour l’alléger et la simplifier. On évite les grands repas, on préfère ne pas prendre de viande ou d'alcool, on reste toujours un peu sur notre faim.

Voici une diète proposée pour un jeûne "catholique" :

En se levant,
une orange et un petit bol de gruau ou de céréales.
En milieu de matinée,
une pomme avec du yogourt et un peu de miel.
Au milieu du jour,
un œuf brouillé avec un peu de fromage.
En fin d’après-midi,
une banane sur du pain grillé avec du beurre d’arachides.
En soirée,
une bonne salade aux légumes.


Lorsque la faim vous tiraille l’estomac, pensez aux centaines de milliers de réfugiés de cette terrible guerre civile en Syrie et faites monter une prière au ciel en leur faveur.
Des jeunes qui demandent
à devenir témoins de l'Amour de Jésus
en se mettant en marche vers le baptême

Depuis maintenant deux ans qu’un noyau parrainant, constitué de huit personnes engagées dans la communauté chrétienne, a accepté de cheminer avec trois jeunes en âge scolaire pour finalement et joyeusement arriver à leur initiation chrétienne durant la Veillée pascale. 

Voici une rétrospective de ces deux années et mon expérience d’accompagnement :

Il est nécessaire que ces jeunes, qui demandent à recevoir le baptême aient un contact avec des chrétiens engagés pour les aider à réaliser que ce n’est pas un geste qui se termine par le baptême, mais une façon de vivre au quotidien.  Nous avons donc misé sur la rencontre, le témoignage et la joie de faire route ensemble durant ce temps d’accompagnement qui nous a été donné comme un cadeau, comme une expérience de croissance.  Le temps a été un facteur essentiel pour découvrir que Dieu nous appelle à le rencontrer sur notre chemin de vie quotidien, au cœur même de notre désir de nous réaliser pleinement.  Au cœur de ces deux années de cheminement, Dieu a pris l’initiative de nous rejoindre, nous accompagner, nous transformer.  Et c’est à la suite de ce temps privilégié que Dieu est venu toucher d’une façon toute particulière pas seulement ces jeunes qui ont reçu les sacrements d’initiation chrétienne, mais aussi les accompagnateurs et la communauté chrétienne.

Voici le témoignage des jeunes, de leur famille et des membres du noyau parrainant :

« Avant ce cheminement, je ne connaissais pas l’histoire de Jésus et j’ai aimé apprendre à connaître ce Jésus qui aime sans condition.  Ces 2 ans m’a aidé à avoir un nouveau regard sur la vie, sur l’amour des autres. »

« Depuis ma demande, j’ai vraiment senti la Présence de Jésus qui m’aidait dans les moments les plus difficiles.  Ce qui m’a le plus touché, c’est d’avoir ce contact privilégié avec Jésus et d’apprendre son Amour infini et la compassion pour les autres.  De plus, ça m’a permis de connaître d’autres personnes qui ont la foi. »

« J’ai beaucoup appris sur Jésus et ça m’a aidé à comprendre comment je pouvais aider les gens que je côtoie. »

 « Ce temps m’a permis d’accompagner et supporter mes enfants dans leur cheminement vers le baptême.  Ça m’a apporté la conviction que je devais faire le bien à l’entour de moi.  Ça m’a aussi donné l’opportunité de prendre du temps pour m’arrêter afin de faire une rétrospection de ma vie et une force pour continuer à avancer dans les défis. »

« Les rencontres sont venues me chercher intérieurement.  J’ai trouvé que mon fils a beaucoup changé et qu’il reconnaît mes difficultés physiques et s’avance plus pour m’aider.  Pour moi, ce 2 ans de cheminement a du sens. »

 « Je me sens vraiment privilégiée d’avoir été choisie pour faire route avec ces 3 jeunes d'âge scolaire.  Comme les disciples d’Emmaüs, ils ont pu m’éclairer sur le sens de mon rôle de baptisée engagée et c’est avec émotion et dans la joie que j’ai vécu avec eux ce grand cadeau de l’initiation chrétienne. »

« J’ai reçu cette joie profonde qui m’a conduit à cette source d’eau vive qui coule en moi et m’a encore une fois fait prendre conscience de la grandeur et la profondeur de ces beaux sacrements de la miséricorde de Dieu envers moi et les autres.  Ces beaux jeunes que j’ai vu fleurir à la recherche de la vérité et de l’amour de Dieu ont été comblés par les enseignements donnés et la grandeur de la foi reçue. »

« Au fil de ces 2 années, il y a eu une confiance très forte d’établie avec les jeunes et ça c’est très important à l’accompagnement.  Pour les jeunes, nous devons être authentiques et vrais dans notre foi.  Nous leur en avons donné un bel exemple. »
                           
                                                                   Mireille Cadieux








Franchir la porte de la foi

            « Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. » Jn 13, 34-35.

               « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Nous l’avons entendu souvent cette phrase. Tellement souvent qu’elle n’a peut-être pas le même impact sur nous qu’elle a eu sur les apôtres. Car c’était une nouveauté extraordinaire pour eux. Et ça devrait l’être pour nous chaque fois que nous l’entendons. Cette une phrase nous invite chaque jour à renouveler, dans la foi, notre regard sur le présent. Le Christ a ouvert une porte qui ne peut être fermée. Saurons-nous, dans la foi, la franchir ? Cet appel à s’aimer les uns les autres, à témoigner de notre condition de disciples par notre amour mutuel, ce n’est pas si facile. Mais n’est-ce pas une voie d’espérance et surtout d’avenir ?

               La foi c’est d’abord une question d’amour. Et celui qui nous en a donné le meilleur exemple est Jésus. Ce qui rend sa mort remarquable n’est pas qu’il ait accepté de souffrir jusqu’au bout, par obéissance. Ce qui la rend si  remarquable c’est qu’il l’a fait dans un total et immense don d’amour pour son Père et pour l’humanité. Et la porte de la  foi s’est ouverte pour tous et toutes. Ce qui demeure nouveau pour nous aujourd’hui, c’est que la quantité de gestes, d’actes que nous posons au nom de notre foi n’est pas importante. Ce qui est premier et indispensable c’est que tout  geste, tout acte émanent d’un amour semblable à celui du Père et accompli par le Christ. La façon de s’accomplir pleinement comme être humain, c’est non seulement d’être habité par l’amour, mais de laisser cet amour rejaillir sur les autres. C’est le chemin de nouveauté que nous sommes appelés à suivre.

               Le mot commandement peut nous sembler un peu fort. Surtout en ces temps où chacun revendique son droit de décider de sa propre vie. Les dix commandements ont été donnés au peuple hébreu pour favoriser les meilleures conditions pour qu’il s’épanouisse comme peuple. Le commandement nouveau que Jésus nous donne est pour notre bonheur. C’est à nous  de trouver comment passer le seuil de la porte pour nous engager dans notre voie, celle qui nous permettra de mettre nos talents, nos charismes au service de l’amour.

               Pour poursuivre la réflexion, un extrait de l’encyclique de Benoît XVI, Deus caritas est :

Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un commandement qui nous prescrit  l’impossible de l’extérieur, mais au contraire, d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit ensuite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est divin parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu ; à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un « nous » qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir « un », jusqu’à ce que Dieu soit « tout en tous ».

                                                                                                                                                    Suzie Arsenault
                
              

Les cinquante jours de Pâques


Au début de l'Église, les chrétiens et chrétiennes faisaient mémoire de la résurrection de Jésus chaque dimanche, puisque c'est le jour où il était ressuscité.  D'ailleurs, encore aujourd'hui, nous célébrons chaque dimanche comme "le jour du Seigneur", jour de fête et joie, jour des nouveaux commencements.

Par ailleurs, nous savons que le Christ est mort au même moment où son peuple fêtait la Pâque, la célébration annuelle de la libération de l'esclavage en Égypte survenue plus de mille ans avant notre ère. La fête juive de Pâque, mot qui veut dire "passage", rappelait comment l'ange de la mort était "passé" au-dessus des maisons des Hébreux le soir où tous les premiers-nés de l'Égypte étaient morts.  Les juifs avaient marqué leurs portes avec le sang des agneaux tués en sacrifice: ce fut le signe qui les épargna et qui mena à leur libération. Et depuis ce jour, les juifs se rendaient en pèlerinage à Jérusalem pour y offrir un agneau en sacrifice et le partager avec les membres de la famille en mémorial de cet événement fondateur. La date était fixée au 14 du mois de Nissan, jour de la première pleine lune du printemps.

On ne sera pas surpris si la jeune Église aussi a voulu marquer d'une façon particulière cette date. Pour "revivre" un peu le "passage" de Jésus de la mort à la vie, on jeûnait pendant un, deux ou trois jours avant cette première pleine lune du printemps. La veille du jour désigné, une fois le soleil couché, on se rassemblait pour prier, chanter des hymnes, lire les prophètes, les évangiles, les psaumes... jusqu'à trois heures de la nuit. Alors on célébrait l'Eucharistie et on brisait son jeûne en partageant un grand repas de fête. C'est ainsi que, dès le début du deuxième siècle, la fête chrétienne de Pâques est née.

Mais les juifs célébraient un autre grand pèlerinage cinquante jours plus tard: la fête de la Pentecôte. (Cinq, en grec, se dit "pèntè": pensez à pentagone, figure à cinq côtés.) Il s'agissait d'une commémoration de l'Alliance, scellée au mont Sinaï après la sortie d'Égypte. On y rendait grâce pour le don de la Loi, des dix Paroles (ou commandements) que Dieu avait données à son peuple comme guide de vie.

Les Actes des Apôtres racontent que c'est justement ce jour-là, cinquante jours après la mort de Jésus, que l'Esprit-Saint s'abattit sur les apôtres et les remplit d'une audace extraordinaire, les lançant dans la grande aventure de l'évangélisation.  Quoi de plus normal pour la jeune Église que de vouloir marquer aussi ce jour de fête. Mais là où les juifs célébraient deux fêtes séparées par cinquante jours, les chrétiens fêtaient les cinquante jours comme une seule fête, un genre de grand dimanche prolongé pendant sept semaines de sept jours. Chacun de ces jours avait la même valeur et la même fonction: célébrer le mystère de la Résurrection du Christ avec toutes ses harmoniques.

Quelques siècles plus tard s'est développée la coutume d'honorer les événements dans leur ordre chronologique suivant le récit des Actes des Apôtres: d'abord, le dimanche de la Résurrection; puis, quarante jours plus tard, l'Ascension; et enfin, le cinquantième jour, la Pentecôte. Il nous faut faire un effort aujourd'hui pour saisir l'intuition première: que les cinquante jours forment un tout, et que la Résurrection, les apparitions, l'envoi en mission, l'ascension et le don de l'Esprit doivent être célébrés à chacun de ces jours! D'ailleurs, si nous lisons l'Évangile de Luc, on dirait que tous ces événements se sont déroulés dans l'espace de vingt-quatre heures. Allez voir si vous ne me croyez pas! C'est dire que, du côté de Dieu, tout ce mystère se tient ensemble. Ce sont nos pauvres esprits qui ont besoin de l'étaler sur une plus longue période afin d'en isoler chacune de ses facettes pour les soumettre à notre méditation et contemplation.

Quoi qu’il en soit, la liturgie nous invite à observer cette cinquantaine dans une grande unité d'esprit, marquée par la joie et l'allégresse. Les prêtres revêtent des vêtements blancs tout au long de cette saison liturgique. On garde le cierge pascal dans le choeur, près de l'autel ou de l'ambon, et on l'allume à chacune des messes célébrées durant ces cinquante jours. Si une célébration requiert la récitation de la litanie des saintes, on reste debout -- comme on le fera lors de la dédicace de la cathédrale le 27 avril prochain. Il s'agit aussi d'un temps préférentiel pour la célébration des sacrements d'initiation: baptême, confirmation, première communion.

"Les cinquante jours à partir du dimanche de la Résurrection jusqu'à celui de la Pentecôte sont célébrés dans la joie et l'exultation, comme si c'était un jour de fête unique, ou mieux 'un grand dimanche'." (Normes universelles de l'année liturgique, no 22)


La danse de Myriam

 
(À la veille de la semaine sainte et en lien avec le Cantique de l'Exode, voici la danse de Myriam, un autre cadeau de Josée Bourgault, issue de la rencontre à St-Mathieu sur les femmes de la libération qui ont appris à Moïse sa mission de libérateur)



Danse Myriam, danse!

Lève tes pieds meurtris par tant d’aller-retour
Sur les chemins de l’ennemi
Pour garder en vie ces tout-petits bébés menacés
Danse et montre-nous les pas de ta confiance
En ce Dieu qui nous aime et qui nous invite, aujourd’hui
À veiller, comme toi, sur chaque pousse de vie

Chante, Myriam, chante!

De tout ton coeur de femme digne, fière, brave.
Chante et montre-nous les mots
De ton inspirant désir de liberté
Les mots de ta foi infaillible
En ce Dieu qui aime et qui nous invite aujourd’hui
À chanter comme toi, pour réveiller les nôtres…

Danse, Myriam danse!

Les bras levés au ciel en signe de victoire
Danse autant que tu as bercé, soigné, soutenu et guidé
Ton peuple au long de votre longue traversée.
Danse Myriam et montre-nous les gestes
pour s’émerveiller, comme toi
Face à ce Dieu qui nous aime
Et qui se réjouira de nous voir danser avec toi!
Danse, Myriam danse!


Josée Bourgault