Mgr Ébacher XXXV - La surabondance de la grâce de Dieu, appui d’une espérance sans borne
Le chapitre 5 de la lettre de saint Paul aux Romains
révèle les racines profondes de notre espérance en la vie éternelle :
Jésus mort sur la croix et ressuscité pour nous. Dans mon document précédent
(XXXIV), j’ai attiré notre attention sur l’affirmation fondamentale de Paul.
« L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans
nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. »
Lisons maintenant Romains, versets 12 et 15. « Nous
savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde. […] Mais il
n'en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la
multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle
répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul
homme, Jésus Christ. »
Depuis longtemps, deux mots tirés de ce texte me hantent,
m’étonnent, me rassurent, m’enthousiasment, me bouleversent :
« combien plus »! En relisant bien ce texte, essayons de saisir un
peu ce qui est caché dans ce « combien plus ».
Cette expression contient une comparaison. Quels en sont les
termes?
D’un côté, il y a Adam qui a introduit dans le monde le
péché et la mort non seulement temporelle, mais aussi éternelle. Et ce péché,
cette mort affectent l’universalité des humains.
De l’autre côté, il y a le Christ Jésus qui a introduit par
sa croix et sa résurrection le don de la grâce et de la vie éternelle pour l’universalité
des humains.
Vraiment, le don gratuit de Dieu et la faute n'ont pas la
même mesure! D’un côté, il y a Adam, avec le péché et la mort. Mais en fait, Adam
n’est que le repoussoir, en fait bien petit en comparaison de son
vis-à-vis : Jésus, l’auteur du salut et la surabondance, la profusion, la
démesure du don provenant de son sacrifice jusqu’à la croix. Paul énonce ainsi
la démesure de la grâce de Dieu en faveur de tous les hommes. Quel cadeau
inestimable, foudroyant, éblouissant qui a son origine dans l’amour infini de
Dieu pour le monde!
Et alors, oui, l’espérance ne peut pas décevoir, « puisque
l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été
donné. » (5,5)
Oui, cette surabondance du don de Dieu, par Jésus en croix,
me bouleverse et assure mon espérance. 
Ne sachant trop comment méditer cette surabondance du don de
Dieu, je cite l’orientation suggérée par le théologien Ghislain Lafont.
« Il revient à l’appréciation contemplative de la foi de prendre toujours mieux
conscience de l‘inadéquation du parallèle, et de s’élever ainsi à une espérance
sans borne, comme le disait déjà 5, 2-3 : “Nous sommes en paix avec Dieu
par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu accès à cette
grâce où nous sommes établis, et de nous glorifier dans l’espérance de la gloire
divine”. Le tragique de l’existence humaine est non seulement surmonté, mais en
quelque sorte débordé par les flots de la grâce, englouti en elle. Seule,
évidemment, la foi le peut percevoir, mais si on va au bout de la foi, on baigne
dans l’espérance de la grâce, qui recouvre et dépasse tout, faisant naître une humanité
nouvelle : une multitude déjà en paix avec Dieu, en attendant la révélation
plénière du salut. […] De toutes manières, Adam, quel qu’il soit, reste
toujours par sa multiple pauvreté, “l’indicatif” de la surabondance de
Jésus-Christ. »[1]
Levons les yeux avec une foi abandonnée et une espérance
sans borne vers Jésus crucifié : la croix est la plus bouleversante preuve
de l’amour de Dieu pour toute l’humanité. Adorons avec au cœur un amour brûlant
notre saint Sauveur et prions notre Père si abondant dans sa générosité, afin
qu’il nous comble de l’Esprit :
Tu as voulu, Seigneur,
 que tous les hommes soient
sauvés par la croix de ton Fils;
 permets qu'ayant connu dès
ici-bas ce mystère,
 nous goûtions au ciel les
bienfaits de la rédemption.
Par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu pour les siècles des siècles.
Oraison de l’office des
Lectures de la fête de la Croix glorieuse
† Roger Ébacher

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