Mgr Ébacher IX - Jésus crucifié, notre espérance

 



Les yeux du cœur fixés sur Jésus crucifié, je désire, en cette proximité des Jours Saints, mieux pénétrer son mystère. Que l’Esprit m’y guide! Et qu’il fasse de même pour vous, lectrices et lecteurs de ce billet.

Jésus, je lis dans la Lettre aux Hébreux que, sur la croix, tu t’es offert à Dieu librement et par amour. « Le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut. » (9, 14) Par ton sacrifice unique, qui ne peut pas être répété, tu es pour la multitude le « principe de salut éternel » (5, 9). 

Jésus, Fils de Dieu, Messie, fils de Marie, tu t’es « offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude. » (9, 28) Ce fut là un acte d’obéissance libre et totale au Père, vécu par amour. Au cœur de cette souffrance, tu as communié pleinement avec les humains, à tout le sang et à toutes les larmes des humains. Ce n’est pas que tu aies aimé la souffrance ou que tu l’aies recherché, mais, au cœur même de cette horrible souffrance, tu as voulu aller jusqu’à l’extrême de l’amour.

Tu as livré librement ta vie au cœur d’une violence extrême qui t’a conduit à la mort. Ce fut pour toi une expérience humaine très douloureuse, comme nous le démontre le récit de ton agonie, vécue « avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications » (5,7). C’est par cette obéissance filiale et cette offrande de ta vie en sacrifice que tu as réconcilié l'humanité avec Dieu, que tu as tissé une alliance de miséricorde entre le Père et nous : une alliance éternelle. Oui, Jésus, par ton obéissance filiale et par ta solidarité avec tous les humains, tu es la cause du salut éternel, de mon salut éternel.

Par ton offrande personnelle, jusqu’à la mort, tu nous as purifiés, tu nous as sanctifiés, tu nous as rendus parfaits. Telle est ton œuvre extraordinaire, admirable, généreuse, efficace sur la croix. Mais le tout est maintenant, pour ce qui nous concerne, de nous incorporer de plus en plus à toi et de recevoir en nous, autour de nous, dans notre monde d’aujourd’hui, ces fruits de ton corps livré et de ton sang versé.

Dès maintenant, moi qui crois en toi, je peux vivre une vie nouvelle. Tu as détruit l’abime que le péché a creusé entre nous et Dieu. Capable de vivre maintenant en fils de Dieu, je peux par le fait même vivre en frère avec mes frères et sœurs humaines. Une telle relation neuve, intime, filiale entre les humains et Dieu est maintenant possible. Et il est aussi devenu possible de nous aimer les uns les autres, même entre ennemis. Ce chemin est ouvert et le restera jusqu’à la fin des temps.

Mais je ne peux pas parvenir à transformer ainsi ma vie sans me garder toujours en relation intime avec ton sacrifice, avec ton corps livré et son sang versé pour nous. C’est ce que je vis à chaque célébration eucharistique avec le peuple rassemblé pour la prière. La messe « est un moyen de mettre en relation les existences réelles, l’existence du Christ et celles des chrétiens. Toute sa valeur vient de son rapport avec l’offrande parfaite du Christ qu’elle rend présente et accessible, et de la possibilité qu’elle donne aux croyants, grâce à ce rapport, de transformer leur propre existence concrète. » (Albert Vanhoye)

Et Vanhoye ajoute que la messe n’est pas une répétition du sacrifice du Christ, mais bien « un sacrement qui rend présent cet unique sacrifice et qui en manifeste la continuelle efficacité à travers tous les siècles. »

C’est ce qu’affirme le prêtre, au nom de notre foi, lors de toute célébration eucharistique. Lors de la consécration du pain, il dit : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Et lors de la consécration du vin, le prêtre affirme : « Ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »

Et dans la prière eucharistique no 3, le prêtre prie ainsi le Père : « Regarde, nous t’en prions, l’oblation de ton Église, et daigne y reconnaître ton Fils qui, selon ta volonté, s’est offert en sacrifice pour nous réconcilier avec toi. »

C’est là la foi de l’Église, ma foi, notre foi. La mort de Jésus est le sacrifice de la nouvelle et éternelle alliance entre Dieu et les hommes : alliance de grande miséricorde. Jésus y réconcilie les hommes avec Dieu. Car il est mort pour tous les hommes en rémission des pêchés. Il réconcilie aussi les hommes entre eux, lui notre frère (2, 11) qui a assumé le destin mortel de tous ses frères et sœurs pour les conduire à la vie éternelle. 

Je conclus ces trop brèves réflexions avec cette affirmation du pape François : « L’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix » (Bulle d’indiction Spes non confundit 3.)

Prolongeons cette trop brève méditation en méditant cet hymne chanté le Jeudi Saint :

1

La nuit qu'il fut livré, le Seigneur prit du pain,

En signe de sa mort, le rompit de sa main :

« Ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne

Afin de racheter tous mes frères humains. »

2

Après qu'il eût soupé pour la dernière fois,

S'offrit comme victime au pressoir de la croix :

« Mon sang, versé pour vous, est le sang de l'Alliance;

Amis, faites ceci en mémoire de moi. »

3

Et nous, peuple de Dieu, nous en sommes témoins :

Ta mort, nous l'annonçons par ce pain et ce vin.

Jésus ressuscité, ton Église t'acclame,

Vainqueur, passé du monde à la gloire sans fin!

4

Tu viens revivre en nous ton mystère pascal :

Éteins en notre chair le foyer de tout mal.

Nous sommes tes sarments, sainte vigne du Père :

Fais-nous porter du fruit pour le jour triomphal.

5

Seigneur, nous attendons ton retour glorieux :

Un jour tu nous prendras avec toi dans les cieux.

Ton corps est la semence de vie éternelle :

Un jour tu nous prendras à la table de Dieu.

† Roger Ébacher

8 avril 2025


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