Mgr Ébacher III - La Lettre aux Hébreux, source d’espérance
En suivant les textes liturgiques de la messe, en janvier et au début de février, j’ai relu avec profit de grandes parties de la Lettre aux Hébreux. J’y ai découvert plusieurs pistes pour nourrir notre espérance.
Avant d’en suivre quelques-unes, je note les destinataires de cet écrit. Ce texte, malgré son titre traditionnel le présentant comme une lettre, est en fait un sermon. Il fut sans doute donné oralement, puis par écrit, à diverses communautés formées « de chrétiens désorientés et menacés de découragement». Provenant du judaïsme ou du paganisme, ces chrétiens de longue date perdent de leur générosité du début. Ils sont rongés par la lassitude, déçus dans leur attente première et refroidis de leur ferveur enthousiaste de jeunes chrétiens d’autrefois!
Je reconnais dans notre vie de catholiques du Québec des symptômes semblables. Depuis le Rapport Dumont (1971), tant de recherches universitaires, de colloques, d’articles dans revues et journaux se sont succédé pour éclairer notre sortie rapide de la chrétienté! Au plan du vécu quotidien, quels bouleversements pour chaque croyante ou croyant, pour les couples, les familles! Contentons-nous de quelquessignes. Combien de grands-parents souffrent de ne pas pouvoir partager leur foi ou leur prière avec leurs enfants et petits-enfants! Combien de curés sentent la lassitude des communautés réunies le dimanche! Et comme ces communautés se rétrécissent telles des peaux de chagrin! Combien de jeunes cherchent ailleurs des motivations pour leur vie!
Mais il y aurait tant de nuances à ajouter, tant d’autres signes à relever, même en sens contraire! Oui, il y a des signes d’espoir. Par exemple, les récentes orientations dans nos Églises pour développer un cheminement synodal. Ou certains regroupements de jeunes adultes. Ou un certain renouveau de la catéchèse pour la préparation aux sacrements. Ou un souci soutenu envers les démunis, les marginalisés, les appauvris…
Nous vivons bien en Église d’ici une situation douloureuse, parfois angoissante, ou décourageante. Tous ces clignotants nous demandent de veiller. J’y sens des appels à retourner à la Parole de Dieu, à la prière. Là sont nos sources, ces lieux spirituels d’où jaillit notre foi, une foi qui tient bon, qui « espère contre toute espérance », comme disait saint Paul. C’est pourquoi je considère qu’il nous sera bénéfique de faire une lecture méditée de certains extraits de cette homélie aux Hébreux, désirant en recevoir lumière, énergie neuve, espérance ressourcée et fortifiée, capable d’orienter et dynamiser nos vies personnelles et celles de nos communautés.
Méditant ces textes, j’y ai découvert avec joie que l’auteur présente la vie chrétienne comme un pèlerinage, une marche sur la route vers le repos promis, vers la patrie céleste, avec le Christ comme Guide. Lui, le Fils de Dieu incarné dans notre chair, a parcouru cette route avant nous, et pour nous. Il a su, par la force de l’Esprit, tenir bon alors qu’il a été confronté au drame terrible de la croix; et il est ressuscité. Il a pour mission de nous conduire au but de notre vie, à notre bonheur éternel avec lui.
Il nous faut devenir compagnons et compagnes de Jésus, pour partager son destin jusqu’en sa gloire. C’est cela que le pape François nous invite à vivre en cette année jubilaire : « Pèlerins d’espérance »! Marchons courageusement, avec audace et patience, les yeux fixés sur Jésus, notre Guide qui connaît bien le chemin, pour l’avoir lui-même parcouru jusqu’au bout. Mettons en lui notre espérance.
Reprenons souvent la prière d’ouverture donnée dans le missel romain pour le 5e dimanche du temps ordinaire :
Dans ton inlassable tendresse,
nous t’en prions, Seigneur,
veille sur ta famille :
elle s’appuie sur la grâce du ciel, son unique espérance;
qu’elle soit toujours assurée de ta protection.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles. Amen!
† Roger Ébacher
14 février 2025
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